
Les Chiliens se rendent aux urnes ce dimanche pour élire leur président, dans un climat de vives inquiétudes face à la criminalité et à la migration.
Le scrutin s’annonce comme un affrontement entre l’extrême gauche et l’extrême droite, ouvrant la voie à un probable second tour en décembre.
Bien que huit candidats briguent la présidence, la course vers le Palais de la Moneda s’est resserrée en un duel entre la candidate de la coalition au pouvoir et l’opposant ultraconservateur.
Le dernier grand sondage réalisé par Radar Electoral prévoit un second tour très disputé le 14 décembre entre les deux principaux candidats. Jeannette Jara, 51 ans, issue du Parti communiste et ancienne ministre dans le gouvernement du président Gabriel Boric, arrive en tête avec environ 28 % des intentions de vote. L’extrême droite, représentée par José Antonio Kast, fondateur du Parti républicain et battu par Boric au second tour en 2021, occupe la deuxième place avec près de 20 %.
La droite traditionnelle demeure profondément fragmentée, avec deux autres figures tentant de se frayer un chemin vers le second tour : Johannes Kaiser, du Parti national libertarien, a créé la surprise en grimpant à 15 %, devançant d’un point la politicienne de centre droit chevronnée Evelyn Matthei, du parti Chile Vamos, créditée de 14 %.
Les enjeux qui orientent le vote
Bien que le Chili reste l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine, la perception d’insécurité domine la campagne.
Les candidats se sont également emparés de la question de la migration irrégulière. La population immigrante, composée majoritairement de Vénézuéliens, a doublé en sept ans pour atteindre 8,8 % des 20 millions d’habitants du Chili. Les candidats de droite ont clairement associé les migrants en situation irrégulière à l’augmentation de la criminalité.
De la continuité sociale à la "poigne de fer"
Les approches très différentes des candidats en matière de sécurité et de migration — les thèmes centraux de la campagne — mettent en lumière le profond contraste idéologique entre les quatre principaux prétendants.
Jara dirige une coalition de neuf partis de centre gauche et fait campagne sur un programme de continuité sociale, de réforme économique et de lutte contre la corruption. Ses propositions visent à augmenter le revenu moyen des ménages et à renforcer les programmes sociaux.
Le passé de Kast demeure une source constante de controverse : son père fut membre du parti nazi et son frère occupa un poste de ministre sous la dictature de Pinochet.
Le programme de Matthei, quant à lui, met l’accent sur la stabilité institutionnelle et des mesures de sécurité renforcées. Âgée de 72 ans, cette économiste et politicienne chevronnée brigue la présidence pour la seconde fois. Elle propose d’ajouter jusqu’à 10 000 nouveaux policiers, de créer une Police militaire des frontières et de soutenir un système carcéral plus sévère. À l’instar de ses homologues de droite, elle prône l’expulsion massive des prisonniers étrangers et des migrants sans papiers, ainsi que la criminalisation de l’entrée illégale dans le pays.
Les propositions radicales de Kaiser incluent l’expulsion massive d’étrangers et la création d’un camp de réfugiés destiné à regrouper les expulsés. Il promet également de renforcer la police et de rétablir le service militaire obligatoire. Il est même allé jusqu’à plaider pour le rétablissement de la peine de mort pour des crimes tels que le meurtre et le viol.
Avec l’obligation de vote désormais en vigueur, la participation devrait être nettement plus élevée que ces dernières années, introduisant un facteur d’incertitude dans un paysage politique particulièrement polarisé.
Le décor est ainsi planté pour une bataille idéologique d’un mois, avant un second tour en décembre qui déterminera la trajectoire politique des quatre prochaines années.







