Deux députées de La France Insoumise (LFI) ont lancé un avertissement concernant l'accaparement des terres agricoles françaises par des investisseurs financiers.
En réponse à une question d'Anadolu, ce mardi, Aurélie Trouvé et Mathilde Hignet ont décrit les répercussions de cette tendance sur l'agriculture française et l'environnement.
Elles ont estimé que l'approche mercantile de l'agriculture favorise les grandes exploitations intensives au détriment des petites fermes familiales, qui sont le cœur d'une agriculture durable.
Une situation non chiffrée
C'est-à-dire que là, on a une taille d'exploitation agricole familiale moyenne, qui fait que, dans les années à venir, elles ne seront pour beaucoup pas transmissibles dans un cadre familial.
Souveraineté alimentaire
Pour sa part, la députée Mathilde Hignet, elle-même issue du milieu agricole, a mis l'accent sur les conséquences de cette tendance sur la souveraineté alimentaire.
Difficultés de reprise pour les jeunes
Nous sommes en train de basculer de ce qu'on appelle une agriculture familiale à une agriculture capitaliste.
Cette question est cruciale non seulement pour la souveraineté alimentaire de la France, mais aussi pour la préservation d'un modèle agricole durable et respectueux de l'environnement, selon les députées LFI.
Enquête d'une spécialiste
Lucile Leclair, diplômée de Sciences Po et spécialiste des néo-paysans, auteurs de plusieurs livres sur le sujet, révèle un phénomène grandissant, mais peu visible: l'accaparement de terres agricoles par des entreprises de l'agroalimentaire et du secteur de la cosmétique, tels qu'Auchan, Fleury-Michon ou Chanel.
Selon, Leclair, cette tendance est marquée par une opacité et une difficulté à obtenir des données fiables. Sur les 26 millions d'hectares de terres agricoles en France, la proportion détenue par ces groupes reste inconnue.
Historiquement, la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) avait pour mission de réguler l'accès au foncier pour favoriser les agriculteurs, explique-t-elle dans une interview accordée à France Culture.
Néanmoins, la SAFER a perdu de son influence et peut désormais vendre des terres à des groupes industriels.
Changement du paysage agricole
Cette évolution du marché foncier entraîne un changement dans la nature même de l'agriculture : les agriculteurs deviennent souvent des salariés des groupes industriels, menant à la perte de leur savoir-faire et de leur lien avec la terre. Cela se traduit également par une standardisation des exploitations et des produits alimentaires.
Le cas de Chanel, payant jusqu'à 150 fois le prix moyen de l'hectare en France pour cultiver des fleurs pour ses parfums, est un exemple notable.
En conclusion, Leclair met en lumière les implications de ces changements pour l'agriculture française: une perte d'autonomie des agriculteurs, une standardisation des produits et un défi pour la gestion durable des terres agricoles.