Crédit Photo : PATRICK HERTZOG / AFP
Des agriculteurs français bloquent la route, lors d'une manifestation à la frontière franco-allemande à Ottmarsheim, dans l'est de la France, le 1er février 2024.
Une décrue, pas encore l'épilogue: des agriculteurs français, épicentre de la révolte du monde paysan en Europe, ont commencé à lever les blocages après une série de mesures annoncées à Paris et Bruxelles, mais certains veulent poursuivre le mouvement.
Au vu de
"tout ce qui a été annoncé"
, les deux syndicats majoritaires en France ont appelé jeudi à
les blocages dans le pays, laissant entrevoir une sortie de crise même si la réaction d'autres organisations agricoles sera guettée de près à Paris.
À l'issue d'une journée qui a vu quelque 1.200 tracteurs converger dans la capitale européenne, la Commission a promis jeudi des mesures pour défendre les
des agriculteurs de l'UE,
"en garantissant des conditions de concurrence équitables"
ou en réduisant le
de la décriée politique agricole commune (PAC).
En première ligne, le président français Emmanuel Macron, qui participait jeudi à un sommet européen à Bruxelles consacré à l'aide à l'Ukraine, a réclamé une
"force européenne de contrôle sanitaire et agricole"
et appelé l'UE à davantage
le revenu des agriculteurs.
Avec les nouvelles mesures dévoilées jeudi à Paris, son gouvernement aura au total promis aux agriculteurs français une enveloppe globale de 400 millions d'euros depuis le début de la mobilisation lundi. L'exécutif français a également annoncé la mise
d'un plan de réduction des pesticides dans l'agriculture, au grand dam des organisations écologistes.
Paris a par ailleurs donné des gages au secteur en réitérant son opposition à la signature de l'accord controversé de libre-échange que la Commission négocie actuellement avec les pays sud-américains du Mercosur, dont les puissances agricoles Brésil et Argentine.
Ce traité ne sera pas
"conclu à la va-vite comme certains menaçaient de le faire",
a certifié M. Macron, qui a également annoncé que l'UE instaurerait un contrôle des importations de céréales ukrainiennes pour éviter des distorsions de concurrence.
Signe d'espoir pour le gouvernement français, les autorités ont fait état jeudi soir dans plusieurs départements de levées ou d'allègement de barrages, même si des blocages ponctuels persistent.
"Pas l'Europe que nous voulons"
Les quelque 150 tracteurs partis du Sud-Ouest pour faire entendre leur colère autour du marché international de produits frais de Rungis, au sud de Paris, ont, eux, rebroussé chemin face à la mobilisation des forces de l'ordre, qui leur ont barré le passage à l'aide notamment de véhicules blindés.
On n'a pas obtenu ce qu’on voulait, mais à un moment donné quand vous avez les blindés tous les jours (...)
"Soit on les pousse et on va à l'affrontement - et on ne va pas le faire -, soit on reste tranquille et on fait demi-tour"
, a déclaré José Perez, coprésident de la Coordination rurale, un syndicat minoritaire, qui organisait ce convoi.
Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles reste la cible désignée de la colère agricole. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant: des revendications similaires se retrouvent de l'Allemagne à la Pologne en passant par l'Italie.
Pour faire entendre leurs griefs, des milliers de manifestants venus de plusieurs pays et quelque 1.200 tracteurs avaient envahi jeudi les rues de la capitale belge.
Les manifestants scandaient en français, néerlandais, italien et allemand:
"Sortons l'alimentation du libre échange".
Ce n'est pas l'Europe que nous voulons.
La mobilisation s'est étendue jeudi au Portugal où des centaines d'agriculteurs bloquaient des axes routiers, dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une
"valorisation de leur activité".
En Grèce, 300 tracteurs et des dizaines de camions d'apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, aux cris de:
Agriculteurs, ils boivent votre sang.
Face à ce mouvement, la Commission avait déjà fait des concessions en début de semaine en proposant d'accorder pour 2024 une dérogation
aux obligations de mises en jachères imposées par la PAC.
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