France / Blocage du 10 septembre: la révolte populaire gronde

Cécile Durmaz
10:5410/09/2025, Çarşamba
Yeni Şafak
Des manifestants brûlent des objets alors qu'ils se rassemblent pour bloquer le pont du Viaduc de Calix lors d'une manifestation dans le cadre du mouvement de protestation "Bloquons tout", à Caen, dans le nord-ouest de la France, le 10 septembre 2025.
Crédit Photo : Lou BENOIST / AFP
Des manifestants brûlent des objets alors qu'ils se rassemblent pour bloquer le pont du Viaduc de Calix lors d'une manifestation dans le cadre du mouvement de protestation "Bloquons tout", à Caen, dans le nord-ouest de la France, le 10 septembre 2025.

Mercredi 10 septembre 2025, la France est frappée par une journée de blocages inédite. Sous le mot d’ordre "Bloquons tout", un mouvement protestataire né sur les réseaux sociaux appelle à mettre le pays à l’arrêt pour dénoncer les mesures d’austérité annoncées dans le budget 2026, ainsi que la crise politique et sociale qui s’en suit.

Un mouvement spontané, ancré dans la colère sociale


Né à l’été 2025, le mouvement a rapidement gagné en ampleur en s’organisant via Telegram, TikTok et d'autres plateformes sécurisées. Son mot d’ordre : paralyser le pays le 10 septembre pour protester contre le budget 2026, jugé brutal et antisocial. Celui-ci prévoit 43,8 milliards d’euros d’économies, dont la suppression de deux jours fériés (le 8 mai et le lundi de Pâques), le gel des retraites et de nouvelles coupes dans les services publics.


Ce mouvement n’a ni leader, ni structure formelle : il se réclame d’un élan citoyen apartisan. Il rappelle fortement les Gilets jaunes de 2018–2019 par son mode d’organisation, sa défiance à l’égard des partis et syndicats traditionnels, et son ancrage dans une colère sociale large.
Comme à l’époque, les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la mobilisation et la coordination des actions.

Une opinion publique divisée


Le soutien populaire est significatif : selon un sondage publié par La Tribune Dimanche, 46 % des Français déclarent soutenir la journée de blocage, contre 28 % d’opposants et 26 % d’indifférents. L’adhésion est forte à gauche (LFI : 73 %, écologistes : 67 %, PS : 61 %) et non négligeable au RN (58 %), tandis que les soutiens s'effondrent à droite (Renaissance-Horizons-Modem : 73 % opposés, LR : 57 %).


Premières interpellations à l’aube


Les premières actions ont démarré à l’aube. À Paris, des barrages filtrants ont été installés à plusieurs portes de la capitale, dont celle d’Italie, où les forces de l’ordre sont rapidement intervenues. La préfecture a annoncé 73 interpellations avant 08h00. À Toulouse, un rond-point a été évacué par les forces de l’ordre. Des actions similaires sont signalées à Caen, Lyon, Marseille ou Nantes, avec des occupations de carrefours, de dépôts de carburant et de gares.


Une réponse sécuritaire massive


Pour faire face, le gouvernement a mobilisé 80 000 policiers et gendarmes, appuyés par drones, blindés et hélicoptères. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a demandé aux préfets de faire preuve de la plus grande fermeté :


"Bloquer tout, c’est pire que tout. Le pays n’a pas besoin d’être bloqué. J’ai envoyé un télégramme aux préfets leur demandant de faire preuve de la plus grande fermeté… Aucun dommage aux bâtiments publics, notamment aux sites emblématiques, ne sera toléré."

L’objectif est clair : empêcher que le pays ne soit paralysé comme à l’hiver 2018 lors des mobilisations des Gilets jaunes.


Une crise politique à son comble


Cette explosion de colère populaire intervient alors que le gouvernement Bayrou a été renversé suite à un vote de défiance, provoquant sa démission mardi 9 septembre.
Emmanuel Macron a nommé Sébastien Lecornu à Matignon, quatrième Premier ministre en moins d’un an. Le climat parlementaire est instable, et la rue s’impose de nouveau comme un contre-pouvoir.

Une colère qui dépasse les clivages


Le mouvement "Bloquons tout" reflète une révolte diffuse, citoyenne, et profondément ancrée dans la réalité sociale. Il ne parle pas au nom d’un camp, mais d’une exaspération générale. Le pays est à l’arrêt et la colère, elle, en marche.


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