Crédit photo: SAMEER AL-DOUMY / AFP
Le lycée musulman Averroès de Lille, Hauts-de-France, s'attend à une décision déterminante pour son activité, ce lundi dans l'après-midi, suite à une procédure engagée par le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, concernant le financement et le contenu pédagogique de cet établissement.
En effet, à la demande du préfet du Nord, Georges-François Leclerc, la commission consultative académique doit se réunir, ce lundi 27 novembre, pour donner son avis concernant la fin du contrat d'association liant l'État au lycée musulman Averroès de Lille, classé parmi les meilleurs des Hauts-de-France.
La décision devrait être rendue au terme d'une réunion prévue à partir de 15 h 30.
L’enjeu pour l’établissement est capital dans la mesure où il y va de sa situation financière qui risque de devenir bien délicate en cas de suspension de ce contrat, qui permet notamment de payer le salaire des professeurs par le ministère français de l’Éducation nationale.
Selon la presse française, un rapport de saisine de la commission de douze pages, écrit par le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, daté du 27 octobre dernier, a pointé du doigt le financement étranger du lycée, qui présente un taux de réussite de 98 % au bac en filière générale.
Leclerc dénonce des
“dysfonctionnements administratifs“
,
“une communauté éducative inquiétante“
et des
“financements qui posent question“
contre l’établissement lillois, qu’il accuse de contrevenir aux valeurs de la République. Le préfet pointe les subventions reçues par l'intermédiaire de l'ONG, Qatar Charity, qui vise à
"enraciner un islam politique au sein des communautés musulmanes d’Europe"
, selon son expression.
Des journalistes français avaient révélé dans un livre paru en 2019 sous le titre Qatar Papers que le lycée Averroès avait obtenu une subvention de 925 000 euros du Qatar, par l’intermédiaire de la Qatar Charity. Le lycée, fait état, pour sa part, d’une subvention de 850 000 euros, en plus des 350 000 euros versés par la banque de développement de la Ligue arabe.
Le journal français, Le Monde, a rapporté que le président de l’association Averroès, Makhlouf Mameche, avait qualifié les accusations de la préfecture d’
, envisageant une réponse, point par point, dans un texte de 58 pages rédigé avec l’aide de son avocat, Joseph Breham.
Le Monde a cité les déclarations de Mameche qui a affirmé:
Nous apporterons toutes les réponses qu’il faut pour montrer que nous respectons les valeurs de la République.
Le président de l’association a aussi assuré que les
“financements sont légaux“
niant toute
La préfecture s’est appuyée sur un rapport de la Cour des comptes affirmant que:
"La présence d'un ouvrage est de nature à susciter des interrogations"
pour évoquer un
au sein du lycée.
L’ouvrage d’éthique musulmane du commentaire des Quarante hadiths de l'imam An-Nawawi par deux exégètes syriens contemporains
“édictent des règles de nature sociale et politique à suivre par le croyant“
, un argument que le préfet utilisera pour affirmer que
“Cet ouvrage, étudié par des élèves, jeunes mineurs, en plein apprentissage, est en complète contradiction avec les valeurs républicaines“.
Se défendant de ces accusations, l’avocat de l’association souligne le fait que le livre est étudié en cours d’éthique et donc hors du cadre contractuel avec l’État,
“c’est l’équivalent d’une somme théologique, c’est un livre fondamental dont l’école s’est servi pour les hadiths et non les commentaires“,
assurant que les élèves ne l’ont jamais eu entre les mains, rapporte le journal Le Monde.
Selon le journal, l’association envisage de porter plainte, dès lundi, contre le préfet Georges-François Leclerc pour
“faux et usage de faux en écriture publique“.
Me Joseph Breham a d’ailleurs déclaré à propos des accusations de Leclerc,
“J’ai défendu des terroristes, j’ai vu qu’ils se radicalisaient en dehors des institutions. Ce lycée est le meilleur moyen de lutter contre les dérives, car ici, les gens peuvent discuter et l’État contrôle. Et le paradoxe, c’est qu’on veut les fermer“.
Depuis l’année 2008, le lycée Averroès, qui compte actuellement 450 lycéens, est devenu le premier lycée musulman sous contrat d'association avec l'État français. Il est d’ailleurs classé parmi les meilleurs établissements de la région, un signe d’excellence reconnu et salué par la Cour des comptes.
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