Crédit Photo : BERTRAND GUAY / AFP
Le député français des Yvelines, Benjamin Lucas (Europe Écologie Les Verts, EELV).
Le député des Yvelines Benjamin Lucas (Europe Écologie Les Verts, EELV) a exprimé, ce mardi, son opposition au projet de loi sur l'immigration qui sera débattu à l'Assemblée nationale à partir du 11 décembre, suite à son adoption par le Sénat et sa révision par la commission des Lois du Palais Bourbon, la semaine dernière.
Anadolu (AA) a interrogé le législateur écologiste sur sa position et notamment ce que son groupe parlementaire reproche au projet de loi porté par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin.
Le présupposé de la "subversion migratoire"
En réponse à la question d'AA, Benjamin Lucas a tout d'abord dénoncé le
sur lequel est construit le projet de loi du gouvernement.
"Ce présupposé, c'est lequel?"
C'est qu'aujourd'hui, dans notre pays, il y aurait une crise migratoire, le risque d'une subversion migratoire. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas le cas.
"L'essentiel des migrations dans le monde se fait entre pays du Sud. Jamais nulle part dans aucun pays, une politique plus inclusive n'a entraîné "d'appel d'air". Je mets des guillemets à cette expression"
, a estimé l'élu de gauche avant de poursuivre son explication.
"Nous considérons que 30 lois sur l'immigration en 40 ans n'ont produit que deux effets: augmenter l'argent dans la poche des passeurs et augmenter le nombre de morts en Méditerranée. Plus on érige de murs, plus on suscite la mort et la misère de celles et ceux qui ont fui la guerre ou la pauvreté pour vivre dans notre pays"
, a-t-il estimé.
"Nous considérons que ce qu'il faut, c'est un service public de l'Inclusion, une politique d'accueil digne, la régularisation des travailleurs sans-papiers, qui aujourd'hui, loin des discours théoriques, font tourner notre économie et dans un certain nombre de secteurs sont déjà en première ligne, et d'ailleurs, nous les avons applaudis pendant la période de la COVID-19"
, a-t-il rappelé, ajoutant que ces points constituent
"la divergence fondamentale qui nous oppose au gouvernement, à la droite radicalisée et à l'extrême droite sur ce texte".
L'exilé ne se pose pas ce genre de questions
Le correspondant d'AA a ensuite demandé au député ce qu'il répond aux arguments que lui opposent
"la droite radicalisée et l'extrême droite"
qu'il évoque, notamment que ces droits sociaux et humains qu'il revendique pour la France vont provoquer une "
ou un
pour les migrants.
"Imaginez quelqu'un qui s'est arraché à sa terre, qui se prive des siens, qui sacrifie tout ce qu'il a de ressources pour payer finalement son exil, qui fait un chemin dont il sait qu'il n'y a pas de retour possible, qui se retrouve confronté à la violence, à la torture, parfois au viol, qui voit en Méditerranée la moitié au moins de ses compagnons d'infortune flotter sous forme de cadavres sur la mer, qui arrive en Europe".
"Vous croyez qu'avant de franchir les Alpes et d'être gelé dans la neige, il regarde un manuel de droit comparé pour se demander où les prestations sociales sont les plus avantageuses? Vous croyez qu'il regarde les débats sur La Chaîne Parlementaire (avec tout le respect que j'ai pour La Chaîne Parlementaire, que je regarde de façon très assidue moi-même) ou le site Web de l'Assemblée nationale, pour savoir si le législateur français va plus ou moins restreindre des conditions d'accueil ou d'accès dans notre pays. Ça ne marche pas comme ça"
, a fait observer le député.
La réalité, c'est que ça fait 30 ans qu'on fait des lois qui, de jour en jour, sont plus restrictives et plus brutales.
"Est-ce que ça a changé quoi que ce soit aux questions migratoires? Absolument pas!"
, a-t-il conclu.
Manifestation contre la "loi Darmanin"
Pour rappel, plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées ce dimanche à Paris, pour protester contre la future loi immigration, comme l’a constaté le correspondant d’Anadolu sur place.
De nombreuses personnalités issues notamment des rangs de La France Insoumise (LFI) étaient présentes dans le cortège, à l’instar des députés Manuel Bompard, Louis Boyard, Éric Coquerel ou encore Mathilde Panot.
Cette marche s'est tenue au quarantième anniversaire de l’arrivée de la marche pour l’égalité et contre le racisme (partie le 15 octobre 1983 de Marseille pour arriver à Paris le 3 décembre 1983).
Rassemblés à l'appel de plusieurs syndicats, associations et partis de gauche comme Solidaires, la LDH (Ligue des Droits de l’Homme), le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), La France Insoumise (LFI) et Ensemble, les manifestants ont particulièrement dénoncé le texte de la future loi immigration, déjà adopté par le Sénat, et qui sera débattue dans l'hémicycle à partir du 11 décembre.
Ce texte prévoit plusieurs mesures controversées dont la possibilité d’assouplir les modalités d’expulsion des étrangers sous OQTF (obligation de quitter le territoire) et le durcissement du droit du sol à Mayotte.
Au cours d’une prise de parole pendant la marche, le député LFI Éric Coquerel a déploré le fait qu’en 40 ans, la France ait
"toujours plus de lois racistes, […] de lois sécuritaires"
et que
"quand les quartiers se réveillent comme après la mort de Nahel, la seule réponse qui soit donnée est sécuritaire".
"Nous avons un système politico-médiatique qui court derrière le Rassemblement national, qui l’imite, et le bilan, c’est que jamais, il n’a été aussi fort et jamais, ses idées ne se sont propagées avec autant de gravité"
, a-t-il poursuivi en faisant référence au parti d'extrême droite.
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