Israël: Netanyahu a bloqué un accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages à Gaza, selon la chaîne 13

La rédaction avec
17:125/08/2025, mardi
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'un événement à l'hôtel Waldorf Astoria de Jérusalem, le 27 juillet 2025.
Crédit Photo : GIL COHEN-MAGEN / AFP
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'un événement à l'hôtel Waldorf Astoria de Jérusalem, le 27 juillet 2025.

Des protocoles confidentiels de réunions entre responsables politiques et sécuritaires israéliens, portant sur le dernier accord de cessez-le-feu à Gaza, révèlent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté des propositions susceptibles de permettre la libération de tous les otages et une suspension des combats, rapporte lundi la chaîne israélienne 13.

Selon ces documents, les plus hauts responsables de la sécurité israélienne estimaient qu’un accord global était réalisable et qu’il aurait pu être suivi, si nécessaire, d’une reprise des opérations militaires. Netanyahu s’y est toutefois opposé.
“Toute la direction israélienne a mal évalué que la pression humanitaire pousserait le Hamas à capituler”,
précise le rapport.

Cinq mois plus tard, cette stratégie, consistant à restreindre l’aide humanitaire à Gaza, a largement dégradé l’image d’Israël sur la scène internationale, sans pour autant affaiblir le Hamas, note la chaîne.


Les protocoles indiquent que la première de ces réunions s’est tenue le 1er mars 2025, au début de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, peu après la restitution des corps des otages Itzik Elgarat, Ohad Yahalomi, Tsahi Idan et Shlomo Mansour. Les discussions portaient alors sur la poursuite de la deuxième phase de l’accord, comprenant des négociations pour mettre fin au conflit et libérer d’autres captifs, ou sur une reprise des opérations militaires.


Le général Nitzan Alon, en charge des dossiers des prisonniers et disparus au sein de l’armée israélienne, avait alors déclaré:
“La seule possibilité de libérer les captifs est de discuter des conditions de la phase deux”
. Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et chef des négociateurs israéliens, a répliqué:
“Nous ne sommes pas prêts à mettre fin à la guerre tant que le Hamas reste au pouvoir”
. L’ex-directeur du Shin Bet, Ronen Bar, a pour sa part plaidé:
“Passons à la phase deux, ramenons tout le monde, puis reprenons les combats”.

Israël estime qu’il reste 50 otages à Gaza, dont 20 seraient encore vivants. En parallèle, plus de 10 800 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, souvent dans des conditions dénoncées par des ONG comme inhumaines (torture, privations alimentaires, absence de soins).


La position de Netanyahu


Les documents révèlent qu’un haut responsable sécuritaire avait informé les ministres, quelques jours après la libération des premiers otages, qu’
“il est possible d’obtenir la libération d’autres captifs, mais cela nécessite de discuter de la phase deux, la fin de la guerre”
. Cette proposition a été rejetée par Netanyahu et sa direction politique.

Ronen Bar avait suggéré de mettre fin temporairement à la guerre pour libérer les otages, avec la possibilité de reprendre les combats ensuite. Pour rappel, la première phase de l’accord, négociée par l’Égypte et le Qatar avec le soutien des États-Unis, avait débuté le 19 janvier et s’était achevée en mars, le Hamas ayant respecté les termes. Mais le 18 mars, Netanyahu a abandonné la phase deux et relancé l’offensive sur Gaza.


La semaine dernière, Israël s’est retiré des négociations indirectes avec le Hamas à Doha, en raison de désaccords concernant le retrait de Gaza, la fin de la guerre, la libération des prisonniers palestiniens et l’acheminement de l’aide humanitaire.


Réactions des familles d’otages


À la suite des révélations de la chaîne 13, le Forum des familles des otages et disparus a dénoncé des informations “profondément alarmantes”.
“Ce rapport prouve définitivement ce que nous affirmons depuis un an et demi : un accord global pour libérer tous les captifs était possible”
, ont-elles déclaré, accusant le gouvernement israélien d’avoir saboté volontairement les accords potentiels tout en trompant l’opinion publique.

Selon elles,
“des dizaines de proches, capturés vivants à Gaza, ont été tués alors qu’ils attendaient un accord que le gouvernement israélien n’avait aucune intention de conclure”
. Le Forum rappelle également qu’
“aucun otage n’a été libéré et qu’au moins 50 soldats ont été tués depuis la fin du précédent accord”.

Contexte judiciaire et militaire


Rejetant les appels internationaux à un cessez-le-feu, Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une offensive massive sur Gaza, qui a déjà causé près de 61 000 morts palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et plongé l’enclave dans une situation humanitaire catastrophique.


En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël est également visé par une procédure pour génocide devant la Cour internationale de justice.


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