France: Un imam dans le viseur de Retailleau pour avoir dit "fatwa"

David Bizet
10:5918/06/2025, Çarşamba
MAJ: 18/06/2025, Çarşamba
Yeni Şafak
L'imam Noureddine Aoussat, dans sa vidéo du 21 mai 2025 qui a conduit à un signalement du ministre de l'Intérieur français Bruno Retailleau.
Crédit Photo : Noureddine Aoussat / Facebook
L'imam Noureddine Aoussat, dans sa vidéo du 21 mai 2025 qui a conduit à un signalement du ministre de l'Intérieur français Bruno Retailleau.

En France, l’imam Noureddine Aoussat dénonce un signalement à son encontre par le ministre de l’Intérieur Bruneau Retailleau, qui l’accuse au titre de l’article 40 d'avoir menacé l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui avait récemment appelé dans une vidéo à une loi pour interdire le voile aux moins de quinze ans. Le religieux fustige une manipulation politique visant à le discréditer, alors qu’il doit comparaître dans une semaine pour une plainte contre l’État. Le mot "fatwa", utilisé dans la vidéo, a été selon lui volontairement déformé pour servir une campagne médiatique islamophobe, détournant le débat de fond sur les discriminations, notamment autour du port du voile. Aoussat rappelle son engagement citoyen depuis 40 ans, sa parole libre et pacifique. Il s’inscrit dans une liste d’imams visés par l’État, tels Hassan Iquioussen ou Ismaïl de Marseille. Il appelle à la vigilance face à une stratégie politique visant à faire taire les voix musulmanes critiques.

Une "cabale politique" pour faire taire les "imams libres"


Un nouvel épisode dans la relation conflictuelle entre l’État français et certains imams éclaire la stratégie gouvernementale de répression des voix religieuses musulmanes jugées trop libres. Cette fois, c’est l’imam Noureddine Aoussat, figure respectée de l’islam français depuis quatre décennies, qui dénonce ce qu’il considère comme une
"énième cabale à visée propagandiste".

Le 17 juin, l’imam a publié un communiqué de plusieurs pages après avoir appris via la station Europe 1 que le ministre de l’Intérieur Bruneau Retailleau avait signalé au titre de l’article 40 une vidéo qu’il avait publiée sur Facebook le 21 mai dernier.


L’homme de foi s’étonne autant du fond que du moment: ce signalement intervient à quelques jours d’un procès qu'il a intenté lui-même contre l’État français, prévu le 23 juin, pour
"diffamation et perquisition abusive".

Vidéo de l'imam Noureddine Aoussat pour lequel le ministre de l'Intérieur utilise l'article 40

Un mot détourné: "fatwa"


Le cœur de la polémique porte sur l’usage du mot "fatwa" dans ladite vidéo. Pour Aoussat, ce mot — littéralement "avis religieux" — a été dévoyé à dessein pour le lier à une menace à l’encontre du Premier ministre Gabriel Attal.


Une interprétation qu’il qualifie de
"détournement orwellien"
du langage. Il accuse le ministre de l'Intérieur de tronquer quelques secondes de la vidéo originale afin de le faire passer pour un extrémiste, alors même que l’enregistrement complet est public et disponible sur sa page.

"Ce hold-up langagier hystérise et empoisonne le débat en France depuis plus de trente ans"
, écrit-il, dénonçant une
"stratégie d’inversion du sens"
orchestrée par des médias et politiques en mal de projets réels.

Dans son long communiqué, l’imam rappelle qu’il prône depuis toujours un engagement positif des musulmans en France. Depuis plus de vingt ans, il sillonne le pays pour inciter les jeunes à rejeter les discours de haine et de violence. Il rappelle qu’il a toujours
"écrit, publié, pris la parole de manière responsable et légale"
, tout en revendiquant un ton libre et critique.

"Ma seule arme est ma parole et mon intellect"
, affirme-t-il, rejetant toute radicalité. Il accuse le pouvoir de s’acharner sur des figures musulmanes qui osent s’exprimer autrement, sans compromission.

La question du voile comme toile de fond


Le message initial de la vidéo portait sur une dénonciation de la
"surenchère islamophobe"
autour du port du voile. Il critique frontalement une déclaration de Retailleau dans laquelle ce dernier s'exclamait:
"À bas le voile, bien sûr !"
, une phrase que l’imam juge
"injurieuse envers la foi et la religion de millions de Français".

Mais l'imam portait surtout l'attitude Gabriel Attal, homme à tout faire de la Macronie, ancien Premier ministre et actuel député des Hauts-de-Seine, lequel avait déclaré vouloir interdire le port du voiles aux personnes âgées de moins de quinze ans.

Une répression ciblée des voix musulmanes critiques


Le cas de Noureddine Aoussat n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une longue série d’initiatives gouvernementales visant à museler les imams jugés trop indépendants ou critiques envers les politiques publiques.


Parmi les précédents marquants, figure l’imam Hassan Iquioussen, poussé à l’exil en 2022 après une expulsion contestée par de nombreuses ONG. Ou encore l’imam Ismail de Marseille, dont les prêches trop engagés lui ont valu une mise à l’écart médiatique et institutionnelle, malgré son ancrage local et son discours pacificateur.


Sous couvert de lutte contre le séparatisme, la Macronie semble entretenir une forme d’acharnement contre ces figures religieuses, les forçant soit au silence, soit à quitter le territoire. Des procédés dénoncés par de nombreux observateurs comme contraires à la liberté d’expression et à la pluralité des opinions dans un État démocratique.


Une justice espérée, une vigilance citoyenne exigée


Aoussat conclut son communiqué en appelant à la vigilance de tous les citoyens face aux dérives liberticides:
"Les médias mainstream ne jouissant plus du monopole de l’information"
, il invite chacun à consulter la vidéo complète pour se forger une opinion indépendante du tumulte médiatique.

Il affirme faire
"confiance à la justice"
pour démêler les manipulations politiques du fond réel de l’affaire. Et réaffirme son attachement aux valeurs de la République:
"Liberté, Égalité, Fraternité pour tous".

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