Le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée est suspendu depuis lundi, les avocats boycottant les audiences pour obtenir d'être payés au bout de huit mois, a constaté un correspondant de la presse.
Constatant le boycott, la cour a renvoyé le procès à la semaine prochaine, a rapporté ce correspondant qui devait lui-même témoigner.
Un collectif d'avocats, comprenant ceux de l'ex-dictateur Moussa Dadis Camara et d'une dizaine d'anciens officiels militaires et gouvernementaux, avait donné aux autorités jusqu'à lundi pour satisfaire leurs demandes: aide financière à leurs clients pour leur défense, création d'un fonds pour payer les honoraires des avocats et amélioration de leurs conditions de travail dans la salle d'audience.
Moussa Dadis Camara et ses co-accusés répondent devant la justice de dizaines d'assassinats et d'une litanie de crimes de violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations, commis dans un stade de la banlieue de Conakry et alentour le 28 septembre 2009 et les jours suivants.
Les Bérets rouges de la garde présidentielle, des policiers, gendarmes et miliciens avaient réprimé avec une brutalité effrénée un rassemblement de dizaines de milliers de sympathisants de l'opposition. Les exactions ont continué plusieurs jours.
Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées et au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
Les victimes réclamaient de longue date ce procès historique, le premier du genre dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires.