Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a défendu lundi son projet de lever un veto de longue date sur les ventes d'avions Eurofighter à l'Arabie saoudite, affirmant que Ryad avait adopté une "approche constructive" dans la guerre à Gaza.
Cet embargo irritait depuis plusieurs années les partenaires de Berlin en Europe. L'Eurofighter est un programme conduit par le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, rassemblant les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo.
C'est la cheffe de la diplomatie allemande qui, lors d'un déplacement en Israël, a annoncé dimanche la volte-face sur les livraisons à Ryad.
Annalena Baerbock a déclaré:
Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur d'autres Eurofighter.
L'Allemagne a gelé les ventes d'armes à Ryad depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi fin 2018, imputé au prince héritier saoudien notamment par le renseignement américain.
Sécurité au Moyen-Orient
Comme l'avait fait la cheffe de la diplomatie la veille, le porte-parole d'Olaf Scholz a invoqué l'évolution de la situation au Moyen-Orient depuis l'offensive surprise transfrontalière du Hamas le 7 octobre.
L'Arabie saoudite a adopté une attitude très constructive à l'égard d'Israël.
L'Arabie saoudite contribue de manière déterminante à la sécurité d'Israël, même ces jours-ci.
L'embargo allemand décidé sous le mandat de l'ex-chancelière conservatrice Angela Merkel a été ancré dans le contrat de la coalition SPD-Verts-libéraux d'Olaf Scholz. Et les écologistes - parti de Mme Baerbock - étaient particulièrement fermes du fait, également, du rôle de l'Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen.
Dimanche, Mme Baerbock a justifié:
Le monde, en particulier ici au Moyen-Orient, est devenu un endroit complètement différent depuis le 7 octobre.
Garanties durables
Interrogé sur les conséquences effectives de son revirement, le gouvernement allemand a indiqué qu'il revenait à l'Arabie Saoudite et au Royaume-Uni de concrétiser leurs engagements contractuels.
La question pourrait également diviser les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz.
S'y ajoute la crainte que ces résistances concernant l'Eurofighter Typhoon puissent se reproduire pour exporter à l'avenir le futur avion de combat Scaf, programme rassemblant Paris, Berlin et Madrid censé succéder aux Rafale et Eurofigher à l'horizon 2040.
Au-delà du cas saoudien, les industriels français souhaiteraient donc de la part de Berlin, des garanties durables sur ses règles d'exportation lorsqu'il s'agit de programmes communs.