Le FMI presse la France de réduire son déficit et d'intensifier ses réformes

16:5122/05/2025, jeudi
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Le logo du Fonds monétaire international (FMI) est affiché à l'extérieur de son siège à Washington, DC, le 8 octobre 2022. Le FMI tiendra son assemblée annuelle d'automne à Washington DC du 10 au 16 octobre.
Crédit Photo : Stefani Reynolds / AFP
Le logo du Fonds monétaire international (FMI) est affiché à l'extérieur de son siège à Washington, DC, le 8 octobre 2022. Le FMI tiendra son assemblée annuelle d'automne à Washington DC du 10 au 16 octobre.

L'économie française résiste à une conjoncture mondiale incertaine, mais le Fonds monétaire international (FMI) appelle à des mesures budgétaires urgentes et à une relance des réformes.

Par voie d'un communiqué publié ce jeudi à l'issue de sa mission en France dans le cadre des consultations 2025 au titre de l'article IV, le FMI avertit que
"compte tenu du niveau élevé et croissant de la dette, ainsi que des vents contraires aux niveaux national et international qui freinent la reprise, il est nécessaire de redresser les finances publiques et de poursuivre des réformes structurelles pour stimuler une croissance durable".

Ralentissement de la croissance,


La mission dirigée par Manuela Goretti note que la désinflation progresse et que le marché de l'emploi reste solide, mais elle prévoit un ralentissement de la croissance à 0,6 % en 2025. Les projections s'appuient sur une
"reprise tardive de la consommation et de l'investissement privés",
ainsi qu'un climat de confiance encore fragile.

Le FMI observe que la demande extérieure reste déprimée, pénalisée par les tensions commerciales et l'instabilité géoéconomique.

Face à ces risques, l'institution juge
"bienvenu"
l'engagement de la France à ramener le déficit public sous les 3 % du PIB d'ici à 2029. Mais elle prévient que cet objectif doit être
"étayé par un ensemble de mesures bien défini et crédible"
. Dans un scénario à politique inchangée, le déficit serait réduit à 5,4 % du PIB en 2025, mais "resterait autour de 6 % du PIB à moyen terme" en l'absence de nouvelles mesures.

Les services du FMI recommandent un ajustement budgétaire important à partir de 2026 :
"un ajustement structurel important de 1,1 % du PIB en 2026, suivi d'environ 0,9 % du PIB par an en moyenne à moyen terme"
. Cette trajectoire permettrait à la France de sortir de la procédure de déficit excessif
"d'ici fin 2029".

Réduction des "dépenses fiscales et sociales inefficientes"


Le FMI plaide pour une stratégie d'économies ciblée plutôt que pour de nouvelles hausses d'impôts, estimant que
"le niveau élevé d'imposition de la France – l'un des plus élevés en Europe – implique qu'un redressement [...] qui passerait uniquement par la fiscalité pèserait sur la confiance des entreprises, la consommation des ménages et le potentiel de croissance".
Il recommande de
"réduire les dépenses fiscales et sociales inefficientes"
et de
"renforcer l'efficience"
de la dépense publique à tous les niveaux de l'administration.

Les experts appellent également à
"simplifier et harmoniser les régimes de retraite"
, à
"mieux cibler les politiques actives sur le marché du travail",
et à
"examiner l'éligibilité et la durée d'indemnisation des prestations d'assurance chômage"
. Une telle rationalisation viserait à
"préserver l'investissement dans les domaines prioritaires favorables à la croissance"
, tout en garantissant
"l'équilibre du système"
et
"l'équité intergénérationnelle".

Productivité et simplification


Concernant la productivité, le FMI souligne que
"l'écart de revenu par habitant entre la France et les États-Unis dépasse aujourd'hui 20 %, principalement en raison d'une productivité et d'un emploi plus bas en France".
Il suggère que
"les réformes macro-structurelles peuvent jouer un rôle crucial"
pour inverser cette tendance. La France est notamment encouragée à tirer parti de ses atouts dans les technologies bas carbone et l'intelligence artificielle.

La simplification administrative et la réduction des barrières à l'entrée pour les entreprises, notamment dans les services, sont identifiées comme des leviers importants. Le FMI mentionne que
"le projet de loi de simplification de la vie économique, actuellement en discussion, constituerait une étape importante".

Sur le plan financier, le secteur bancaire français est jugé
"résilient"
avec des coussins de précaution adéquats, mais le FMI insiste sur l'importance de maintenir
"un solide ensemble d'outils de supervision financière"
et de les adapter en continu aux risques émergents, notamment climatiques et cybernétiques.

Enfin, l'organisation internationale salue les efforts récents de la France pour renforcer le pilotage des finances publiques :
"le plan d'action du Gouvernement de mars 2025 a pour objectif d'améliorer le pilotage des recettes fiscales, de promouvoir plus de transparence et de renforcer le rôle du Haut Conseil des Finances Publiques".

La mission conclut en remerciant les autorités françaises pour leur coopération et appelle à maintenir
"des échanges constructifs"
afin de faire face aux défis à venir.

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