RDC : les rebelles du M23 et le gouvernement reprennent les pourparlers à Doha sur fond de nouveaux affrontements

La rédaction avec
10:3110/12/2025, Çarşamba
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L’AFC/M23 progresse vers Uvira dans une intensification des combats dans l'Est de la RDC, le 9 décembre 2025.
Crédit Photo : X /
L’AFC/M23 progresse vers Uvira dans une intensification des combats dans l'Est de la RDC, le 9 décembre 2025.

Le groupe rebelle M23, au cœur du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré mardi qu’il s’apprêtait à tenir de nouveaux pourparlers avec Kinshasa à Doha dans les prochains jours, face à l’intensification récente des combats avec les forces gouvernementales.

Bertrand Bisimwa, coordinateur adjoint du groupe AFC/M23, a indiqué aux journalistes à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, que
"les discussions porteront sur les derniers développements de la situation sécuritaire sur le terrain"
.

"Nous nous préparons à aller à Doha"
, a-t-il affirmé, précisant que leurs négociateurs partiront d’un moment à l’autre après avoir été convoqués en urgence par le Qatar, qui assure la médiation.


Accord non respecté


Bisimwa a souligné que ce qui avait été initialement convenu avec Kinshasa à Doha, notamment un échange de prisonniers, n’a toujours pas été mis en œuvre.

Le mois dernier, le gouvernement congolais et le M23 ont signé à Doha un accord-cadre de paix sous l’égide du Qatar.


Cet accord faisait suite à la Déclaration de principes et au cessez-le-feu signés par les deux parties en juillet.


Mais les combats se poursuivent entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23, chaque camp accusant l’autre de violer le cessez-le-feu.


Kinshasa maintient qu’aucun territoire ne sera cédé lors des négociations de Doha, selon le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya.


Lors d’un récent point de presse, Muyaya a insisté sur le fait que l’intégrité territoriale du pays n’était pas négociable, tandis que le gouvernement reste déterminé à rétablir la paix dans l’est.


Nouveaux affrontements


Au moins 74 personnes, principalement des civils, ont été tuées et 83 blessées lors des récents affrontements dans la province du Sud-Kivu, selon un rapport publié lundi par le coordinateur humanitaire de l’ONU dans le pays.


Selon ce rapport, les combats se poursuivent depuis le 4 décembre, date à laquelle le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame ont signé à Washington un accord
"historique"
de paix et de coopération économique visant à mettre fin aux violences dans l’est du Congo.

Lundi, Tshisekedi a accusé le Rwanda de violer cet accord de paix, négocié sous la médiation du président américain Donald Trump.


Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir "régionaliser le conflit"


Muyaya a réitéré mardi les accusations de son gouvernement, affirmant que la situation humanitaire est alarmante au Sud-Kivu en raison des bombardements rwandais et de ses actions hostiles.


"Non seulement le Rwanda viole délibérément l’accord de Washington, mais il cherche également à régionaliser le conflit, notamment en attaquant le Burundi"
, a-t-il déclaré sur la plateforme sociale américaine X.


Lundi, le Burundi a accusé le Rwanda de mener des attaques sur son territoire.

Le ministre burundais des Affaires étrangères, Edouard Bizimana, a averti que
"toute attaque visant des citoyens burundais ou des soldats déployés en RDC ne sera jamais tolérée"
.

Appelant la population congolaise à la vigilance, Muyaya a exhorté le médiateur américain à mettre fin à ce qu’il a qualifié
"d’actions inutilement belliqueuses du Rwanda"
.

En réponse, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a déclaré :
"Assez de mensonges. La RDC ne peut pas s’ériger en garant du cessez-le-feu alors qu’elle le viole en réalité et n’a aucune intention de respecter les accords de Washington qu’elle vient de signer".


Conflit qui perdure


La dernière phase du conflit a éclaté en 2021, lorsque le groupe rebelle M23 est réapparu et a lancé une offensive contre les forces gouvernementales congolaises.

Depuis l’intensification de son offensive l’an dernier, le M23 a pris le contrôle de vastes zones dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.


L’ONU, Kinshasa et d’autres acteurs accusent le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément.


Le Groupe international de contact pour la région des Grands Lacs (ICG), présidé par l’Allemagne et incluant les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, a publié mardi une déclaration exprimant sa « profonde préoccupation » face à la reprise des violences dans l’est du Congo.


L’ICG a exhorté le M23 et l’armée rwandaise à
"cesser immédiatement"
toute opération offensive dans l’est du pays.

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