Aujourd'hui, l'Irlande est à nouveau la voix la plus forte de l'Union européenne face à la tragédie humaine à Gaza.
En Irlande, de nombreuses personnes, qu'il s'agisse de citoyens ordinaires ou d'hommes politiques, souhaitent que le gouvernement continue à défendre plus vigoureusement les droits des Palestiniens.
La perception d'Israël par l'Irlande a subi une transformation significative lorsque le pays était aux prises avec sa propre rébellion antibritannique et une douloureuse guerre civile qui a laissé l'Irlande du Nord sous contrôle britannique.
L'Irlande du Nord et la République d'Irlande, qui ont coexisté jusqu'au début des années 1900, faisaient partie du Royaume-Uni.
Cependant, la guerre d'indépendance irlandaise, qui s'est déroulée entre 1919 et 1921, a séparé l'Irlande du Nord de la République d'Irlande.
Pour de nombreux Irlandais, Israël ressemble donc à une entité coloniale, établie de force par l'influence britannique et déterminée à s'imposer face à la population autochtone.
Les actes d'Israël après 1967, notamment l'occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ont encore renforcé ce sentiment.
La mainmise illégale d'Israël sur le territoire palestinien et la lutte du peuple palestinien pour l'autodétermination, ressemblent à la lutte de l'Irlande contre le gouvernement britannique.
Ce lien fort entre deux nations séparées par la géographie mais unies par une aspiration à la justice et à la liberté continue de façonner le discours international de l'Irlande et sa défense des droits des Palestiniens.
Depuis son adhésion à l'Union européenne en 1973, l'Irlande a joué un rôle de premier plan dans la défense de la cause palestinienne en Europe.
En 1980, le pays est devenu le premier État membre de l'UE à appeler à la création d'un État palestinien.
En 1993, l'Irlande est devenue le dernier État membre de l'UE à ouvrir une ambassade en Israël, renforçant ainsi sa solidarité avec le peuple palestinien.
En pleine crise humanitaire à Gaza, l'Irlande fait à nouveau entendre sa voix, la plus forte de l'Union européenne.
Alors que de nombreux pays européens ont exprimé leur
à Israël, l'Irlande a une fois de plus choisi de montrer sa solidarité avec la Palestine.
Le président irlandais Michael Higgins a critiqué les propos de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur le conflit israélo-palestinien, affirmant qu'elle
"ne s'exprime pas au nom de l'Irlande".
Le peuple irlandais soutient sans réserve le peuple palestinien
James Quigley, représentant de la Belfast Palestine Solidarity Campaign (IPSC), a confié à l'agence Anadolu que le point de vue de l'Irlande sur la résistance palestinienne est ancré dans ses propres luttes historiques et qu'elle éprouve une profonde empathie pour la cause palestinienne.
"Le peuple irlandais est fier de son histoire de lutte contre la colonisation. Nous savons donc ce que c'est que de lutter contre l'occupation. Mais en même temps, nos souffrances ne sont rien comparées à celles que les Palestiniens ont subies au cours des 75 dernières années sous l'occupation israélienne et face à l'apartheid et à l'épuration ethnique"
, a-t-il dit.
Selon James Quigley, la lutte des Palestiniens est une lutte pour l'humanité. Et de poursuivre:
Il y avait un régime d'apartheid en Afrique du Sud et nous l'avons vaincu. Nous vaincrons le régime d'apartheid en Israël avec la force et la solidarité des Palestiniens.
Construction d'un mouvement de solidarité plus important
Pour Gerry Carroll, membre du parti People Before Profit Alliance d'Irlande du Nord, le sentiment propalestinien est largement répandu en Irlande.
"Il n'y a aucune tentative de criminaliser les manifestations propalestiniennes en Irlande, contrairement à ce qui se passe dans les pays européens, en particulier en Allemagne et en France"
, a insisté Gerry Carroll.
"La ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman, a déclaré que, dans certaines circonstances, il pourrait être illégal de brandir le drapeau palestinien. Nous n'avons pas encore vu de telles initiatives en Irlande"
, a-t-il fait observer.
Selon Gerry Carroll, ce qui s'est passé en Palestine est un
"terrorisme d'État, un génocide".
"Je pense donc que notre tâche en Irlande est de nouer des liens avec des personnes d'autres pays européens et dans le monde afin de créer un plus grand mouvement de solidarité avec la Palestine. Les gens ici ont toujours l'impression que le gouvernement irlandais est faible vis-à-vis de cette question. Le gouvernement doit donc répondre à nos demandes. Par exemple, l'accueil de réfugiés palestiniens pourrait être l'une des demandes"
, a-t-il ajouté.
Sue Pentel, membre d'une organisation non gouvernementale représentant les Juifs d'Irlande, a pour sa part souligné le rôle important que l'Irlande peut jouer dans la défense des droits des Palestiniens sur la scène internationale.
"L'UE est complice. La semaine dernière, elle a remis en question l'aide apportée aux Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem, dont les droits sont bafoués par ce gouvernement d'extrême droite israélien. Et si elle continue de la remettre en question, c'est parce qu'Israël se présente comme la victime"
, a-t-il décrié.
Et de conclure:
"En tant que Juif dont la famille se trouve en Israël, je dois être très, très clair au sujet du siège total imposé à Gaza, par l'occupation. La violence en Cisjordanie provoque ma colère et m'indigne. J'ai honte. Comment puis-je être fier d'un gouvernement qui dit qu'il fait cela en mon nom?"
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