Serigne Fallou Gueye, 23 ans, tâtonne un peu quand il entreprend les passants du bouillonnant marché de Colobane, à Dakar. Il est étudiant et il ne serait pas là à vendre des joggings si l'université n'avait pas fermée il y a des mois.
L'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), l'une des plus grandes d'Afrique de l'Ouest avec plus de 90.000 étudiants, est fermée depuis juin 2023.
Les autorités ont alors fait fermer l'université. Sept mois plus tard, les allées d'ordinaire fourmillantes et bruyantes du campus restent désertes et silencieuses.
Depuis son inauguration en 1959, l'Ucad est connue pour être un lieu de contestation. Ousmane Sonko, qui était donné comme l'un des favoris de la présidentielle, est populaire parmi les étudiants et les jeunes.
Sans voix
Mais, pour les étudiants, la fermeture de l'université est un nouveau coup porté à leur formation alors que l'avenir d'une jeunesse qui représente plus de la moitié de la population est un enjeu majeur et que les diplômes n'offrent aucune certitude.
Avec des moyens insuffisants, des amphithéâtres et des chambres universitaires surpeuplés, l'apprentissage est déjà éprouvant en temps normal.
Claude Lishou, directeur de l'Institut supérieur de formation à distance de l'Ucad, invoque l'effort consenti pour ranimer l'enseignement en ligne.
Fermeture "concertée"
Etudiante en troisième année de droit, Coumba Aw, 23 ans, raconte avoir tenté de suivre les cours en ligne, mais avoir vite décroché car l'application installée sur son téléphone ne fonctionnait pas souvent. De plus, regrette-t-elle:
Les cours se font sans assistance des professeurs et sont juste balancés comme ça sur la plateforme.
L'université a annoncé une reprise partielle des cours en présentiel à partir du 3 janvier dans des sites hors du campus.