Crédit Photo : Ludovic MARIN / POOL / AFP
Aliko Dangote, PDG du conglomérat industriel multinational nigérian Dangote Group,
assiste à une réunion lors du septième "Sommet Choose France", visant à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au château de Versailles, près de Paris, le 13 mai 2024.
Une grève nationale débutée lundi au Nigeria par un syndicat de chauffeurs-citernes contre la raffinerie du magnat Aliko Dangote a obtenu mardi le soutien d'organisations internationales et illustre les tensions entre le groupe Dangote et les travailleurs du secteur pétrolier.
Cette grève intervient alors que la raffinerie, la plus grande du continent, s'apprête à embaucher des milliers de chauffeurs pour livrer l'essence aux détaillants.
Depuis lundi, les membres du syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz (NUPENG) ont cessé la distribution d'essence.
Selon la NUPENG, les chauffeurs recrutés par Dangote seront
"contraints de signer un engagement à ne pas adhérer à un syndicat"
, a affirmé le syndicat dans un communiqué publié avant le début de la grève.
, a répondu mardi à l'AFP Anthony Chiejina, porte-parole de Dangote, qualifiant les allégations de la NUPENG de
Dangote prévoit d'assurer elle-même l'expédition de ses produits pétroliers aux distributeurs, grâce à plusieurs milliers de camions fonctionnant au gaz naturel comprimé, court-circuitant les acteurs déjà présents sur ce marché.
Mais ce changement majeur suscite des craintes, notamment de la part de l'Association des distributeurs pétroliers indépendants du Nigeria, qui redoute la création d'un monopole.
Depuis des décennies, le Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique mais contraint d'importer la quasi-totalité de ses carburants, fait face à des pénuries d'essence régulières.
La mise en service il y a un an de la raffinerie Dangote, avec sa capacité de 650.000 barils par jour, a changé la donne et assuré un approvisionnement régulier aux stations-services du pays.
La grève, si elle se prolongeait, fait planer la menace de nouvelles pénuries.
"Il n'y a pas de pénurie de carburant, tout fonctionne normalement"
, a ajouté M. Chiejina, précisant que des négociations de médiation étaient en cours entre le syndicat, le gouvernement et l'entreprise.
Les pratiques du groupe Dangote
"ne sont pas seulement une attaque contre les travailleurs nigérians mais aussi une menace pour tout le continent (...) qui porte atteinte aux droits des travailleurs"
, a déclaré mardi dans un communiqué le CSI-Afrique (Confédération internationale du travail, principale confédération syndicale de la planète).
"Il est impératif que la raffinerie Dangote adhère aux droits fondamentaux des travailleurs comme la liberté d'association et de rejoindre le syndicat de leur choix",
a expliqué IndustriAll, qui représente plus de 50 millions de travailleurs dans le monde.
Le ILAW Network, un réseau mondial d'avocats des droits du travail, a demandé au groupe Dangote
"de respecter les droits des conducteurs de rejoindre toute organisation légitime qui représente leurs intérêts".
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