Après des élections n'ayant débouché sur aucune majorité claire, le Pakistan se prépare à des semaines d'incertitude politique, avec des résultats contestés en justice et des tractations ardues pour former un gouvernement de coalition, ont estimé lundi des analystes.
La bonne performance des candidats indépendants soutenus par l'ancien Premier ministre emprisonné Imran Khan a empêché le favori du scrutin, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif, autre ex-Premier ministre, d'obtenir la majorité absolue.
La coupure des services de téléphonie et d'internet mobiles jeudi, jour du scrutin, et la lenteur du décompte des résultats éveillent des soupçons de tentatives de manipulations du processus électoral par les militaires, visant à faire gagner la PML-N. Le PTI affirme qu'il aurait sans cela remporté encore plus de sièges.
Une alliance entre la PML-N et le Parti du peuple pakistanais (PPP), de Bilawal Bhutto Zardari, reste le scénario le plus probable.
Fondés sur des dynasties familiales et traditionnellement rivaux, la PML-N et le PPP se sont partagé le plus clair du pouvoir avec l'armée depuis des décennies. Ils avaient toutefois déjà formé un gouvernement de coalition après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre en 2022.
Au moins une demi-douzaine de petits partis ont remporté un siège ou deux, et seraient disposés à accueillir des indépendants dans leurs rangs.
Ils pourraient alors obtenir une part des 70 sièges réservés aux femmes et aux minorités religieuses.
Mais cette manœuvre n'a jamais eu lieu sur une telle échelle par le passé et serait assurément contestée en justice.
La police a tiré des gaz lacrymogènes dimanche pour disperser des rassemblements de partisans du PTI, après avoir prévenu que des mesures strictes seraient prises contre toute manifestation.
Des centaines de responsables et de supporteurs du PTI avaient été arrêtés l'an passé, après que des manifestations en faveur d'Imran Khan en mai avaient dégénéré en violences.
L'ancien joueur vedette de cricket n'a pas pu se présenter aux élections après avoir été condamné à de longues peines de prison pour trahison, corruption et mariage non islamique, juste avant le scrutin.
Des élections partielles devront aussi se tenir dans différentes circonscriptions.
Particularité du système électoral pakistanais, il est en effet possible à un candidat de se présenter dans diverses circonscriptions. S'il est vainqueur dans plusieurs, il doit choisir laquelle il souhaite représenter, et des partielles ont lieu dans la ou les autres.
Il est aussi fréquent que l'allégeance des élus change juste après les élections. Deux candidats indépendants qui avaient promis fidélité à Imran Khan avant le scrutin ont déjà annoncé qu'ils allaient rejoindre la PML-N. D'autres pourraient suivre.