
Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza le 7 octobre 2023, au moins 311 journalistes et professionnels des médias ont été tués, dont 154 dans leur propre domicile, selon le projet "Databases for Palestine".
Dans un rapport publié cette semaine, ce collectif d’archivistes bénévoles affirme que la quasi-totalité de ces journalistes ont été tués lors de frappes aériennes nocturnes ou à l’aube, souvent en même temps que plusieurs membres de leur famille. Ces données suggèrent, selon eux, une stratégie délibérée visant à faire taire les témoins directs des attaques israéliennes dans l'enclave palestinienne.
Le projet, intitulé "Stop Murdering Journalists", compile des données provenant de sources arabophones et anglophones, mais aussi d’un travail de terrain. Chaque fiche répertorie le nom, la date, le lieu et les circonstances de la mort des journalistes, ainsi que leur travail antérieur. Pour chaque journaliste tué chez lui, Databases for Palestine recense en moyenne près de cinq membres de leur famille également tués dans la même frappe, soit un total de 756 civils supplémentaires.
Ces observations recoupent les rapports d’organisations comme le Palestinian Journalists Syndicate, le Shireen Observatory, l’International Federation of Journalists ou encore le collectif Genocide in Gaza, qui ont également recensé des schémas similaires dans les frappes ciblées.
Au sein de cette stratégie, les journalistes ne seraient pas seulement victimes collatérales, mais bien des cibles.
Selon plusieurs rapports, dont celui du Palestinian Centre for Human Rights, Israël utiliserait des technologies militaires assistées par intelligence artificielle, comme les programmes Lavender, The Gospel ou Where’s Daddy, pour identifier et localiser en temps réel les cibles, notamment dans leur domicile. Le dernier, Where’s Daddy, serait conçu pour alerter les opérateurs militaires dès qu’un individu marqué comme cible rentre chez lui — déclenchant ainsi une frappe.
Dans ce contexte, les journalistes deviennent des figures symboliques à abattre. Leur proximité avec les populations locales, leur rôle dans la documentation du conflit, leur audience internationale, en font des menaces politiques et médiatiques. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu les a régulièrement qualifiés d’“affiliés au Hamas”, une rhétorique également reprise par des institutions occidentales comme le Committee to Protect Journalists (CPJ), critiqué pour avoir relayé cette terminologie dans ses fiches individuelles.
Pour rappel, un cessez-le-feu a récemment été instauré à Gaza, sous l'impulsion du président américain Donald Trump, dans le but de mettre fin aux attaques israéliennes qui dévastent l’enclave palestinienne depuis deux ans.
Ce cessez-le-feu est toutefois régulièrement violé par Israël, avec des dizaines d’attaques signalées depuis son entrée en vigueur, tuant plusieurs dizaines de civils palestiniens.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 67 000 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, dont au moins 20 000 enfants, selon les autorités sanitaires locales.
Sur le plan judiciaire, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Parallèlement, la Cour internationale de Justice poursuit l’examen d’une procédure initiée par l’Afrique du Sud accusant Israël de violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.






