Pendant longtemps, les efforts de la société civile locale et des religieux étaient les seuls contre-pouvoirs face à ces puissantes entreprises, soutenues par des personnalités influentes, selon le père Marcheselli.
Ce sursis impose notamment l'établissement d'un cahier des charges, la réfection des infrastructures et le renouvellement de permis souvent expirés depuis des décennies.
À la suite de cette mesure, un afflux inattendu d'entreprises a eu lieu. A ce propos M. Jean-Jacques Purusi rapporte:
Au lieu des 117 entreprises illégales qu'on a invitées, 540 se sont pointées ici du jour au lendemain.
À Kamituga, cité minière située à 40 km de Kitutu, l'extraction d'or se poursuit dans de vastes mines à ciel ouvert. Sur un site exploité par la coopérative congolaise Mwenga Force, près de 400 creuseurs descendent chaque jour dans les galeries pour quelques dollars malgré les risques d'effondrement.
Assurant que les coopératives locales paient leurs taxes et vendent l'or légalement, Félicien Mikalano, président des creuseurs artisanaux, déplore:
Nous n'avons pas les mêmes moyens que les Chinois.
En dépit des dispositions du code minier, qui interdit l'exploitation artisanale aux étrangers, des entreprises chinoises collaborent avec ces coopératives pour extraire l'or. Selon le Bureau d'études scientifiques et techniques (BEST), une ONG congolaise, la moitié des coopératives de la province sont impliquées dans ces partenariats illégaux.
L'accès aux mines exploitées par ces coopératives est souvent difficile, comme l'a constaté une équipe de l'AFP, à qui l'entrée a été refusée à plusieurs reprises.
La production d'or est ensuite acheminée vers Bukavu, la capitale provinciale, où de nombreux négociants la revendent, parfois de manière illégale. Selon le BEST, une grande partie de l'or extrait au Sud-Kivu est exportée clandestinement vers des pays voisins, notamment le Rwanda.
Pour contrer ces pratiques, le gouvernement congolais a accordé en décembre 2022 à la société Primera Gold le monopole de l'exportation d'or dans le Sud-Kivu.
Cependant, Primera Gold est désormais confrontée à des difficultés financières et peine à acheter le minerai, laissant ainsi le marché noir prospérer. Les circuits empruntés par les entreprises chinoises restent opaques, et ces dernières bénéficient d'une forte protection, selon le gouverneur Purusi.