Espoir ou mirage? À 60 ans, Boris Nadejdine, vétéran discret de la politique russe, a surpris en parvenant à défier Vladimir Poutine à la présidentielle.
Mercredi, M. Nadejdine doit déposer à la commission électorale les signatures de plus de 100.000 électeurs le soutenant, un passage obligé pour voir sa candidature validée.
Ma candidature donne aux gens une occasion unique de protester légalement contre la politique actuelle.
Le Kremlin ne cache d'ailleurs pas son dédain. Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a lâché à la presse:
On ne le considère pas comme un concurrent.
Néanmoins, des Moscovites venus cette semaine pour signer leur soutien se demandent si le Kremlin n'instrumentalise pas cette candidature pour donner un exutoire aux mécontents.
Peu connu hors du minuscule milieu libéral, l'intéressé raconte s'être lancé en octobre parce qu'aucune figure anti-Poutine plus célèbre n'avait sauté le pas, citant l'ex-maire de Ekaterinbourg Evguéni Roïzman ou encore le prix Nobel de la paix et patron du journal d'opposition Novaïa Gazeta Dmitri Mouratov.
Jusqu'à cette campagne, M. Nadejdine était cantonné au rôle de souffre-douleur des fanatiques de l'assaut contre l'Ukraine qui peuplent les plateaux des chaînes de télévision.
L'opposant admet volontiers:
Je sais bien que ce sera dur de battre Poutine.
Carrière confidentielle
Au cours des trente dernières années, Boris Nadejdine a fait une carrière publique plutôt confidentielle, tout en jouant un rôle de conseiller auprès de personnalités plus connues.
Hormis un bref passage comme député à la chambre basse du parlement (2000-2003), ses fonctions électives sont restées locales. Encore aujourd'hui, il est élu municipal de Dolgoproudny, ville située à une vingtaine de kilomètres de Moscou où il est arrivé à la fin des années 1960 et où il vit encore dans un modeste immeuble des années 1980.
Né en 1963 en Ouzbékistan soviétique, d'une mère professeur de musique d'origine juive et d'un physicien russe, il marche d'abord dans les pas de son père.
M. Nadejdine collabore aussi alors avec Sergueï Kirienko, alors Premier ministre libéral devenu aujourd'hui aujourd'hui une figure clé du Kremlin.
Il raconte avoir travaillé avec le président russe lors de son premier mandat, mais dit avoir rompu en 2003, lors de l'arrestation de l'opposant et patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski.