L'un des membres de la CPI, Nicolas Guillou.
Nicolas Guillou, membre de la Cour pénale internationale (CPI) inscrit sur la liste des sanctions des États-Unis en raison de leur "position hostile à Israël", a appelé à la mise en place d'un mécanisme visant à limiter l'impact de ces sanctions au sein de l'Union européenne (UE).
Dans une interview accordée au journal Le Monde, Guillou, membre français de la CPI, a évoqué l'impact des sanctions américaines sur sa vie quotidienne.
Il a rappelé que le mécanisme de sanctions américain avait été initialement créé pour lutter contre les violations des droits de l'homme, le terrorisme et le trafic de drogue.
Notant qu'environ 15 000 personnes figuraient actuellement sur la liste des sanctions américaines, Nicolas Guillou a précisé que neuf membres de la CPI y figuraient également.
"Les juges et les procureurs de la CPI résistent et continueront de résister"
Il affirme que sa présence sur la liste des sanctions a un impact négatif sur tous les aspects de sa vie quotidienne.
"Les sanctions interdisent à toute personne ou organisation américaine, à tout individu ou entreprise et à leurs filiales à l'étranger de me fournir des services",
a-t-il expliqué.
Guillou a indiqué que ses comptes auprès d'entreprises telles qu'Amazon, Airbnb et PayPal ont été fermés, que toutes ses transactions en dollars auprès des banques ont été restreintes et que ses cartes de paiement américaines telles qu'American Express, Visa et Mastercard ont été annulées :
Du jour au lendemain, vous vous retrouvez sans carte bancaire.
Il a rappelé qu'il exerçait sa profession depuis plus de 20 ans et qu'il œuvrait à l'application des lois adoptées dans le cadre du traité fondateur de la CPI.
"C'est ma ligne de conduite. En tant que juge, vous savez qu'il n'est pas toujours facile de rendre justice, mais face à ces attaques, les juges et les procureurs de la CPI résistent et continueront de résister"
, a-t-il soutenu.
"C'est un tournant pour la CPI"
Soulignant que l'impact des sanctions américaines dépendra en grande partie de la mobilisation des États membres de la CPI, Guillou a poursuivi :
"C'est un tournant pour la CPI : qui sont les véritables défenseurs (du droit) ? Qui a le courage de défendre les valeurs humaines face à la barbarie ? C'est exactement ce dont nous parlons".
Selon lui, l'Union européenne (UE) pourrait mettre en œuvre des mécanismes de protection afin de réduire l'impact des sanctions imposées aux Européens par des pays tiers, y compris les sanctions américaines.
Il a défendu que l'UE avait besoin d'une plus grande souveraineté, en particulier dans les domaines numérique et bancaire. Guillou a insisté sur le fait que
"la primauté du droit ne pouvait être garantie"
sans une souveraineté dans ces domaines et dans d'autres, tels que le domaine militaire.
Le 20 août, l'administration américaine a annoncé avoir inscrit certains juges et procureurs adjoints de la CPI, dont Guillou, sur la liste des sanctions en raison de leur
"attitude hostile à Israël"
. La CPI a qualifié cette décision des États-Unis d'
"attaque flagrante contre une institution judiciaire indépendante".
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