Grippe aviaire: regain de vigilance après les cas humains en Asie

18:5124/02/2023, vendredi
AFP
La  directrice suisse de la préparation mondiale aux risques d'infection à l'OMS,  Sylvie Briand, Crédit photo: Gabrielle Ferrandi / CHAM /AFP
La directrice suisse de la préparation mondiale aux risques d'infection à l'OMS, Sylvie Briand, Crédit photo: Gabrielle Ferrandi / CHAM /AFP

Un Cambodgien, dont la fillette est morte de la grippe aviaire, vient d'être lui aussi testé positif. L'annonce préoccupe l'Organisation mondiale de la Santé , qui prévient toutefois qu'il est trop tôt pour évoquer une transmission entre humains.

La situation liée à la grippe aviaire
"est préoccupante"
, a estimé vendredi une responsable de l'OMS, l'épidémiologiste Sylvie Briand.

C'est la première fois que l'agence exprime ce niveau d'inquiétude depuis le début de l'épidémie actuelle de grippe aviaire, qui est provoquée par le virus H5N1 et a conduit à abattre des dizaines de millions d'oiseaux dans le monde depuis plus d'un an.


Pour autant, l'OMS ne change pas en l'état sa position quant au risque pour l'humain. Il reste
"faible"
, car aucun élément n'a encore avéré un danger plus grand de voir émerger une nouvelle pandémie après le Covid.

Mais une actualité récente explique les craintes de l'OMS. Au Cambodge, une fillette de onze ans est morte, voici quelques jours, de la grippe aviaire.


L'enfant, originaire d'un village reculé de la province de Prey Veng (Sud-Est), était tombée malade mi-février avec des symptômes de fièvre, de toux et de gorge sèche. Elle est morte moins d'une semaine plus tard dans un hôpital pour enfants de la capitale Phnom Penh, le premier décès lié à la grippe aviaire en neuf ans dans le royaume.


Ce n'est pas ce drame qui, en lui-même, explique les inquiétudes des experts: les cas sporadiques sont bien documentés chez l'homme un peu moins de 900 depuis 20 ans et, s'ils sont très meurtriers, il sont généralement provoqués par une transmission directe depuis un oiseau. 


La nouveauté, ici, c'est l'annonce vendredi par les autorités cambodgienne que le père de la fillette a, lui aussi, été testé positif à H5N1. Cela ouvre l'hypothèse d'une transmission entre humains et, donc, potentiellement d'un risque d'épidémie.


"On se demande forcément ce qui s'est passé: est-ce que le premier cas pourrait avoir transmis la maladie à d'autres humains ?"
, a admis Mme Briand, chargée de la prévention des pandémies au sein de l'OMS.

Enquêtes en cours


Reste que
"pour le moment, il est trop tôt pour savoir s'il s'agit d'une transmission entre humains ou si c'est lié à une exposition commune au même environnement"
, a-t-elle nuancé.

On peut, en effet, largement imaginer que le père comme la fille se sont tous deux contaminés au contact d'animaux. Des oiseaux sauvages morts ont, en tout cas, été retrouvés près d'un lac avoisinant le village où habite la famille touchée.


La situation reste donc incertaine et l'OMS surveille de très près les investigations menées au Cambodge pour retracer l'origine des cas. 


Au cas où une transmission serait confirmée entre humains, l'agence promet qu'une série de mesures seraient prêtes à être immédiatement mises en oeuvre pour éviter une diffusion.


Il s'agirait d'abord de
"traiter (et) isoler"
les cas déclarés, d'identifier les personnes ayant été en contact avec eux et de leur administrer des antiviraux, a détaillé Mme Briand. Et d'ajouter:

Et bien sûr, nous envisagerons une possible extension des contaminations, en préparant les régions et les pays voisins.

Les cas cambodgiens viennent s'ajouter à d'autres éléments qui ont récemment fait craindre que le virus puisse provoquer des épidémies au-delà des seuls oiseaux.


En Espagne, un élevage de 50.000 visons a dû être abattu après de multiples cas de grippe aviaire. En Russie, des phoques ont été testés positifs à la maladie, après que 2.500 d'entre eux ont été retrouvés morts près de la mer Caspienne.


Dans les deux cas, en particulier en Espagne, on soupçonne que l'infection ait eu lieu entre les mammifères. Mais cette hypothèse reste à confirmer et nombre d'experts appellent à être vigilants sans alarmisme.


"Le risque reste très faible pour les humains, mais c'est important de continuer à surveiller la circulation du virus chez les oiseaux comme les mammifères, en faisant tout pour réduire le nombre d'infections"
, a réagi vendredi le virologue Jonathan Ball auprès du Science Media Center.

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