Effets psychologiques de TikTok sur les mineurs: les députés français en passe de créer une commission d'enquête

16:2112/03/2025, mercredi
AFP
Le logo de l'application du réseau social chinois TikTok Lite affiché dans l'App Store d'Apple.
Crédit Photo : Kiran RIDLEY / AFP
Le logo de l'application du réseau social chinois TikTok Lite affiché dans l'App Store d'Apple.

Les députés français devraient approuver mercredi la création d'une commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok chez les mineurs, alors que l'application, propriété du groupe chinois ByteDance, est très populaire en France.

Un algorithme controversé dans le viseur des parlementaires


La commission d’enquête devra répondre à plusieurs questions:


  • TikTok met-il en avant des vidéos liées au suicide auprès des jeunes ?
  • L’application encourage-t-elle les comportements à risque comme l’automutilation ?
  • Amplifie-t-elle les contenus hypersexualisés, altérant ainsi la perception du corps des adolescents et favorisant des troubles alimentaires ?

Cette initiative est portée par Laure Miller, députée du parti présidentiel Renaissance, et devrait être adoptée sans difficulté après un vote unanime en commission des Affaires sociales.


Une fois validée, 30 députés auront six mois pour analyser l’algorithme de TikTok, souvent accusé d'enfermer les utilisateurs dans des bulles de filtres, et surtout pour examiner ses répercussions psychologiques sur les enfants et adolescents.

Selon une étude mondiale de Qustodio en 2022, les mineurs passaient en moyenne 1h47 par jour sur TikTok. Par ailleurs, près d’un enfant sur deux âgé de 11-12 ans serait inscrit sur l’application, bien que l’inscription soit interdite aux moins de 13 ans, selon des statistiques françaises citées par Laure Miller.


Des précédents judiciaires et des mesures à l'international


En novembre 2024, un collectif de sept familles françaises a assigné TikTok en justice, l’accusant d’avoir exposé leurs enfants à des contenus dangereux pouvant les pousser au suicide.


Si la commission ne peut pas enquêter directement sur une affaire judiciaire en cours, elle s’efforcera néanmoins de déterminer si l’algorithme du réseau social favorise la diffusion de contenus sensibles aux utilisateurs vulnérables.

Une étude américaine de 2022 révélait que les jeunes manifestant un mal-être recevaient en moyenne douze fois plus de vidéos sur le suicide et l’automutilation que les autres.


Si un lien direct et incontestable entre TikTok et la dégradation de la santé mentale des jeunes est établi, la commission pourrait alors proposer des mesures législatives fortes pour mieux réguler l'application, a indiqué Laure Miller à l’AFP.

D'autres pays ont déjà adopté des restrictions sévères à l’encontre des réseaux sociaux jugés dangereux pour les mineurs:


  • Albanie: interdiction de TikTok par les fournisseurs d’accès à Internet d’ici le 13 mars.
  • Australie: adoption d’une loi interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans en novembre 2024.
  • Venezuela: amende de 10 millions de dollars infligée à TikTok après la mort de trois adolescents.

TikTok tente de rassurer


Face aux critiques, TikTok a lancé en mars 2024 une nouvelle fonctionnalité en France et dans l’Union européenne permettant aux parents de limiter le temps d’écran des adolescents.

Concernant la commission d’enquête, le groupe chinois assure attendre de voir
"les sujets abordés"
, soulignant que ces problématiques
"ne concernent pas uniquement TikTok".

L’entreprise rappelle employer plus de 500 modérateurs francophones et 6.000 modérateurs dédiés aux langues européennes, affirmant:
"C'est plus que toutes les autres plateformes réunies".

Entre juillet et septembre 2024, TikTok indique avoir supprimé plus de 24 millions de comptes soupçonnés d’être détenus par des enfants de moins de 13 ans.


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