Le Danemark accélère sur les drones de défense, composante stratégique de la guerre

10:5417/04/2025, jeudi
AFP
Des drones militaires au centre de drones à l'aéroport HCA d'Odense, au Danemark. Le centre de drones de la défense est établi à l'aéroport d'Odense et comptera une centaine d'employés.
Crédit Photo : Mads Claus Rasmussen / Ritzau Scanpix / AFP
Des drones militaires au centre de drones à l'aéroport HCA d'Odense, au Danemark. Le centre de drones de la défense est établi à l'aéroport d'Odense et comptera une centaine d'employés.

Avec un centre dédié à Odense, Copenhague renforce son avance technologique sur les systèmes sans pilote, devenus cruciaux depuis la guerre en Ukraine.

Avec près de 2.000 km², l’aéroport d’Odense abritera bientôt l’un des plus vastes espaces aériens d’Europe dédiés aux essais de drones. Le Danemark y installera un centre militaire de pointe, symbole de l’essor stratégique des systèmes sans pilote dans les conflits modernes, à commencer par celui en Ukraine.


"L’industrie danoise des drones, mais aussi l’environnement académique autour de cette technologie, sont assez uniques pour un pays de la taille du Danemark"
, explique à l’AFP Andreas Graae, maître de conférence au Collège royal de Défense danois. Il qualifie cette dynamique de "multiplicateur de force", c’est-à-dire un avantage qui peut compenser les limites capacitaires du pays.

Fin mars, tirant les leçons de l’évolution des conflits contemporains, le ministre danois de la Défense a annoncé un investissement de 725 millions de couronnes (environ 97 millions d’euros) pour établir ce nouveau centre.

Installé sur le site de l’aéroport Hans Christian Andersen, à Odense, le complexe accueillera une centaine de militaires d’ici 2026. Sa mission : former des opérateurs de drones, mais aussi collaborer avec l’écosystème technologique local pour maintenir la défense danoise à la pointe de l’innovation.


Recherche appliquée et innovation tactique


Pour Jérôme Jouffroy, professeur en ingénierie mécanique et électrique à l’Université du Danemark du Sud,
"la présence de ce centre est fantastique"
, car elle permettra d’orienter ses recherches vers des besoins militaires concrets.

"Nous sommes parfois dans une bulle. On conçoit des solutions, mais sont-elles réellement adaptées aux champs de bataille de demain ?"
, confie-t-il. L’arrivée des forces armées
"m’apportera une compréhension tactique précieuse: comment les drones sont-ils utilisés ? Quelles technologies doivent être développées pour les opérations futures ?"

Drones, renseignement et guerre électronique


Devant les locaux de la start-up Quadsat, le ballet des drones se poursuit malgré les rafales de vent. L’entreprise, fondée il y a une dizaine d’années, conçoit des drones capables de lire et d’analyser le spectre radioélectrique, notamment pour identifier les radars ennemis.


"Notre technologie détecte l’origine des émissions et leur déplacement, ce qui apporte une nouvelle couche de renseignement sur le champ de bataille"
, explique Joakim Espeland, cofondateur et directeur général de Quadsat, qui collabore notamment avec l’Ukraine.

Selon Andreas Graae,
"environ 70 % des pertes en Ukraine sont dues aux drones"
. Un chiffre révélateur du rôle central que jouent ces engins dans les conflits modernes.

Vers une souveraineté technologique européenne


Pour Jérôme Jouffroy, ce centre de défense représente aussi une opportunité pour l’Europe de développer ses propres technologies stratégiques.

"Les composants haut de gamme sont souvent américains, les technologies plus accessibles sont chinoises"
, souligne-t-il.
"Alors comment, entre Trump et la Chine, l’Europe peut-elle se positionner pour construire ses propres capacités ?"

Selon Andreas Graae, le Danemark poursuivra massivement ses investissements dans les drones, en complément des systèmes militaires classiques.
"Une part croissante de la guerre se jouera avec des systèmes sans pilote"
, affirme-t-il.

"Nous nous dirigeons vers des lignes de front de plus en plus déshumanisées : les drones et les véhicules terrestres autonomes vont peu à peu prendre le relais sur certains théâtres d’opérations"
, conclut le chercheur.

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