La Türkiye rejoint la déclaration conjointe du Groupe de La Haye

La rédaction avec
09:4730/07/2025, mercredi
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à Istanbul, le 26 juillet 2025.
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à Istanbul, le 26 juillet 2025.

La Türkiye a adhéré à la déclaration du Groupe de La Haye visant à freiner l’offensive israélienne dans les territoires palestiniens, tout en émettant des réserves sur les références à la CNUDM, convention à laquelle elle n’est pas partie. Cette position s’inscrit dans la politique active d’Ankara en soutien au peuple palestinien depuis le 7 octobre 2023. Depuis cette date, la Türkiye a multiplié les aides humanitaires à Gaza, dénoncé les crimes israéliens, suspendu ses exportations vers Israël et plaidé pour la reconnaissance de l’État de Palestine.

La Türkiye a confirmé son adhésion à la déclaration conjointe de Bogota, émise par le Groupe de La Haye, tout en soulignant qu'elle ne se considère pas liée par les références à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) incluses dans le texte.


Publiée le 16 juillet, cette déclaration appelle à renforcer la pression contre l’offensive israélienne dans les territoires palestiniens occupés et à défendre les principes du droit international.


Dans une note diplomatique transmise le 25 juillet au ministère colombien des Affaires étrangères, Ankara a précisé que son soutien à cette déclaration ne signifie en aucun cas une modification de sa position juridique concernant la CNUDM. La Türkiye a ainsi formulé des réserves explicites concernant les articles 2 et 3 du document, qui font référence à cette convention.


Ces articles portent notamment sur les mesures visant à limiter le transit de certains biens à destination d’Israël, une disposition que la Türkiye estime juridiquement problématique en raison de son différend non résolu avec la Grèce en mer Égée.


Hakan Fidan précise la position turque


Dans une interview accordée le 25 juillet à la chaîne NTV, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a répondu aux critiques selon lesquelles la Türkiye n’aurait pas signé la déclaration de Bogota.


Il a précisé que la date limite pour la signature définitive du texte est fixée au 30 septembre. Fidan a rappelé que la déclaration contenait des éléments en contradiction avec la position turque sur la CNUDM, une convention à laquelle la Türkiye n’est pas partie, principalement à cause de différends persistants en mer Égée.


"Nous avons consulté des experts juridiques internationaux, émis la réserve nécessaire, et estimons qu’il n’y a aucun obstacle à la reconnaissance de la déclaration avec cette réserve"
, a-t-il affirmé.

Pourquoi la Türkiye refuse la CNUDM ?


La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, signée le 10 décembre 1982, vise à réglementer de manière uniforme les droits maritimes des États. Toutefois, la Türkiye s’oppose à plusieurs de ses dispositions, notamment celles qui concernent les mers semi-fermées comme la mer Égée.


Ankara estime que la CNUDM ne prend pas en compte les particularités géographiques et historiques de cette zone. Les articles 3 (sur l’étendue des eaux territoriales), 33 (sur la zone contiguë) et 121 (sur le régime des îles) sont jugés incompatibles avec les intérêts turcs en mer Égée.


C’est pourquoi la Türkiye refuse de devenir partie à la CNUDM et reste particulièrement vigilante vis-à-vis de tout document international y faisant référence, de manière directe ou indirecte.


Une position cohérente de la Türkiye


La participation de la Türkiye à la déclaration de Bogota s’inscrit dans une politique de soutien affirmé au peuple palestinien, que le gouvernement turc ne cesse de réitérer depuis le 7 octobre 2023. Depuis le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, Ankara a intensifié ses efforts diplomatiques, humanitaires et politiques pour défendre les droits des Palestiniens et dénoncer les exactions israéliennes.


La Türkiye, qui reconnait la Palestine depuis 1988, a ainsi convoqué à plusieurs reprises des réunions d’urgence à l’ONU, au sein de l’OCI et du G20, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à une enquête internationale sur les crimes commis à Gaza. Le président Recep Tayyip Erdogan a de manière quasi quotidienne qualifié les attaques israéliennes de
"massacre",
de
"génocide"
et de
"crime contre l’humanité".

Sur le plan humanitaire, Ankara a envoyé plus de 30 avions-cargos d’aide d’urgence, affrété plusieurs navires chargés de matériel médical, de nourriture et de produits de première nécessité, et soigné des centaines de blessés palestiniens dans ses hôpitaux. Le Croissant-Rouge turc (Kızılay) est resté actif sur le terrain malgré les bombardements, distribuant des milliers de repas chauds chaque jour.


La Türkiye a également suspendu ses exportations vers Israël en mai 2024 et mis fin à plusieurs accords de coopération bilatérale, marquant un tournant dans sa politique étrangère régionale. Ankara appelle désormais à une reconnaissance internationale pleine et entière de l’État de Palestine sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.


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