Mais enfin, que cherchait donc à faire Berhan Şimşek ? En tentant de s’immiscer dans un processus déjà verrouillé par Özel et İmamoğlu, après tant d’efforts et de dépenses pour prendre le contrôle du parti, il risquait surtout de compromettre l’équilibre fragile en pleine ligne droite, ouvrant la voie à une mise sous tutelle judiciaire du CHP. Une démarche qui, de fait, semble renforcer les soupçons pesant sur le précédent congrès, toujours sous le coup d’une procédure judiciaire, et confirmer un mode opératoire plus large dans la gestion politique du parti.
La méthode politique d’Ekrem İmamoğlu, désormais clairement identifiable, repose sur une stratégie directe: injecter les ressources nécessaires pour s’approprier l’appareil du parti. Il apparaît évident qu’une étape décisive vient d’être franchie dans cette logique de conquête.
La direction actuelle du CHP, qui a organisé ce congrès express au nom du renouvellement, se retrouve aujourd’hui accusée de « vol, digne d’être craché au visage », par l’ancien président du parti. Ces accusations renforcent les soupçons de corruption en cours à la municipalité d’Istanbul (İBB) et laissent entendre que non seulement des fonds auraient été détournés, mais que la direction même du CHP aurait été volée dans ce processus.
Ainsi, tous les éléments du récit se mettent en place. Un CHP détourné, subtilisé, et un poignard planté dans le dos de l’ancien président du parti. Le poignard, dans ce type d’histoire, symbolise généralement la trahison des plus proches. Ceux que Kemal Kılıçdaroğlu a patiemment formés et propulsés sur le devant de la scène politique se retrouvent aujourd’hui accusés d’avoir profité de leurs postes pour détourner des ressources, avec lesquelles ils ont, en quelque sorte, acheté le CHP à Kılıçdaroğlu ou au parti lui-même. Un récit profondément amer — pour Kılıçdaroğlu, pour le CHP, ainsi que, pour la Türkiye.
Peu importe l'angle sous lequel on regarde, il s'agit de l'histoire d'une junte au sein du CHP, d'un clan qui a largement franchi les limites de la concurrence légitime, utilisant ses fonctions et ses postes pour exercer une influence interne au détriment d'autres membres du parti. C'est un coup d'État au sein du CHP, une nouvelle scène d'un coup d'État mené par une junte formée à l'intérieur de l'organisation du parti.
Sinon, faire circuler les candidats désignés par le centre à travers les villes qu'il choisit, comme s'il s'agissait d'une élection, et les faire remplir le parlement, cela a toujours fait partie du standard démocratique du CHP. Ceux qui souhaitent voir comment se déroulaient les élections entre 1923 et 1950 n'ont qu'à faire une petite recherche historique. Lors des premières élections multipartites de 1946, après l'introduction du système multipartite, lorsque le CHP a continué de maintenir ses anciennes pratiques, le spectacle qui en a résulté a trouvé sa place parmi les classiques du mauvais humour de l'histoire politique.
Plus tard, lorsqu'il n'a pas pu battre ses rivaux aux urnes, le CHP a aussi montré des exemples de dépassement de soi en s’associant à des juntes, en collaborant avec des oligarques militaires, judiciaires ou bureaucratiques. Mais, bien sûr, tout cela reste l’expression de la même compréhension, du même état d'esprit, des mêmes habitudes et des mêmes traits de caractère.
Tout en essayant de consolider sa position lors du Congrès, qu'il a rejoint avec une structure de délégués obtenue grâce à des échanges douteux de son prédécesseur, il déclenche également le mécanisme d'exclusion du parti en affirmant que ceux qui soulèvent les questions de corruption à l'IBB ne peuvent absolument pas être considérés comme membres du CHP.
Ce n'est pas suffisant d'exclure, ces membres du CHP seraient en réalité des 'partisans du palais', et en fait, ce serait eux les 'collaborateurs tombés dans le piège de l'intérêt personnel', et il n'y aurait pas de place pour eux dans le CHP. En disant cela, il pense qu'il se lave de toute accusation de corruption et qu'il blanchit ainsi ses propres financiers.
Si le CHP a pour habitude politique la pratique des juntes, une autre de ses habitudes et caractéristiques réside dans l’inquisition interne, l'excommunication et les purges. Mais il y a aussi une autre habitude, ou peut-être même une force, qui est d'avoir une base de soutien qui croit aveuglément en lui, prête à voter même s'il ne présentait qu'une simple pantoufle de toilette.
Quelle que soit cette motivation, nous constatons avec tristesse qu’elle n’est pas nouvelle et que, dans l’histoire de la Türkiye, cette base, avec précisément cette caractéristique, ce tempérament, cette habitude et cette mentalité, est indissociablement liée au CHP.
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