Henri Grouès, dit l'"abbé Pierre".
"Il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins, ont su que l'abbé Pierre avait un comportement grave à l'égard des femmes", a fait savoir le président de la conférence des Évêques de France (CEF), Éric de Moulins-Beaufort, dans une tribune publiée lundi dans les colonnes d'un journal français.
Il assure néanmoins que
"des mesures ont été prises, dont une cure psychiatrique"
ce qu'il qualifie de
"réaction forte au regard des manières de faire de ce temps, dans l'Eglise sans doute, mais aussi dans la société entière". "On peut les juger insuffisantes, on peut regretter qu'elles aient été gardées très confidentielles",
concède-il, par ailleurs.
Dans le détail, selon Eric de Moulins-Beaufort
"un adjoint a été imposé à l'abbé Pierre"
, mais il semblerait que ce dernier
"se soit ingénié à tromper cette surveillance".
Face à la gravité des faits allégués, qui pourraient être qualifiés d'agressions sexuelles ou de viols, le président de la CEF confirme que l'organisation qu'il représente
"a décidé de lever le délai de communicabilité des archives qui dépendent d'elle concernant l'abbé Pierre".
"Je forme aussi respectueusement le vœu que le Vatican se livre à une étude de ses archives et dise ce que le Saint-Siège a su et quand il l'a su",
poursuit le responsable religieux pour qui
"il est établi aussi désormais que l'on savait, au moins dans certains cercles d'Emmaüs, l'abbé Pierre étant encore vivant, qu'il devait être surveillé parce qu'il était dangereux pour les femmes qui s'approchaient de lui".
Pour rappel, l'affaire a éclaté en juillet dernier après que l'abbé Pierre a été accusé de faits qui
"peuvent s'apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel"
, dans un rapport rendu public par deux structures elles-mêmes fondées par le célèbre prêtre, Emmaüs et la fondation Abbé Pierre.
Les faits, qui auraient été commis entre la fin des années 1970 et 2005, concernent
"des salariées, des volontaires et bénévoles de certaines de nos organisations membres, ou des jeunes femmes dans l'entourage personnel de l'abbé Pierre"
, détaillaient les deux organisations dans un communiqué publié sur leurs sites internet respectifs.
Après avoir été destinataire d'un premier signalement par lettre en juin 2023, Emmaüs indiquait avoir mandaté
"le groupe Egaé, pour mener un travail d'écoute et d'analyse".
"Ce travail a permis de recueillir les témoignages de sept femmes
" expliquaient les deux organisations précisant que
"l'une d'entre elles était mineure au moment des premiers faits".
Et de poursuivre:
D'après les informations recueillies, plusieurs autres femmes ont subi des faits comparables, mais n'ont pas pu être entendues.
Selon le journal La Croix, qui publiait parallèlement une enquête approfondie sur ces accusations, l'une des victimes présumées assure avoir subi des attouchements au niveau de la poitrine et un baiser forcé. Elle précisait néanmoins qu'en 2003, soit quatre ans avant sa mort, le prêtre lui a demandé pardon.
Emmaüs annonçait dans la foulée la mise en place d'un
"dispositif de recueil de témoignages, strictement confidentiel, s'adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l'abbé Pierre"
pour permettre
"aux personnes qui y auront recours d'être entendues, de manière anonyme si elles le souhaitent, orientées et accompagnées".
Pour rappel, l'abbé Pierre, Henri Grouès de son vrai nom, est décédé en 2007. Figure de la résistance pendant la seconde guerre mondiale, il avait notamment fondé Emmaüs et la fondation Abbé Pierre, pour lutter contre la pauvreté, le mal-logement et l'exclusion.
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