Un membre du groupe armé ethnique Ta'ang National Liberation Army (TNLA) montant la garde à un poste de contrôle dans la ville de Kyaukme, dans le nord de l'État Shan, au Myanmar.
Les combattants de l'Union Wa State Army (UWSA), le groupe armé minoritaire ethnique le plus puissant de Birmanie, ont annoncé dimanche avoir pris position dans la ville stratégique de Lashio, où des combats opposent depuis plusieurs semaines la junte à l'Armée de l'Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA).
Cette information a été confirmée par l'armée birmane. Depuis le 3 juillet, les combats font rage à Lashio, un important centre de commandement militaire pour la région nord-est de la Birmanie, après le lancement d'une offensive par des mouvements d'opposition issus de minorités ethniques. Jeudi, le MNDAA avait affirmé avoir pris la ville et le commandement militaire régional, une affirmation démentie par la junte.
Samedi, l'UWSA, considérée comme l'une des plus grandes armées non-étatiques au monde, a pris position à Lashio pour
ses possessions sur place, a déclaré un porte-parole à l'AFP. Selon les analystes, ce groupe est proche de la Chine, qui lui fournit l'essentiel de son armement. Jusqu'à présent, l'UWSA était restée à l'écart des combats déclenchés par le coup d'État militaire de 2021, qui a relancé des conflits vieux de plusieurs décennies avec certains groupes ethniques minoritaires.
"Des membres des forces de sécurité de l'État de Wa sont entrés dans la ville de Lashio dans la nuit du 27 (juillet) pour protéger notre bureau des relations extérieures et nos propriétés dans la municipalité de Lashio"
, a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'UWSA, Nyi Rang.
"Avant d'entrer dans la ville, nous avons informé les deux camps qui se battent et sommes entrés sans problème avec leur approbation."
Le personnel de l'UWSA à Lashio
"ne va pas intervenir, coopérer ni apporter son soutien aux groupes qui se battent"
, a-t-il ajouté.
Il n'a pas précisé combien de combattants de l'UWSA se trouvaient désormais dans la ville, ni combien de temps ils y resteraient. L'armée avait
"été informée à l'avance"
de cette décision, a indiqué le service de communication de la junte dans un communiqué, sans donner de détails. Des sources militaires ont assuré dimanche à l'AFP que le commandement du nord-est était toujours sous son contrôle. L'AFP n'a pas pu joindre un porte-parole du MNDAA pour commenter cette information.
La perte de Lashio et du commandement militaire régional serait un coup dur pour la junte, qui a perdu des territoires au profit du MNDAA et d'autres groupes armés ces dernières semaines. En janvier, le MNDAA avait pris la ville de Laukkai, près de la frontière entre la Birmanie et la Chine, après la capitulation d'environ 2000 soldats de la junte, ce qui constitue l'une des plus grandes défaites militaires depuis des décennies. Au sud de Laukkai, la région de Wa reste pratiquement fermée, entourée de points de contrôle et de contrôles internes stricts, et utilise la monnaie - le yuan - et les services internet de la Chine.
Pékin est un allié majeur et un fournisseur d'armes de la junte, mais les experts affirment qu'elle entretient également des liens avec des groupes ethniques armés en Birmanie qui détiennent des territoires près de sa frontière. La Chine
"accorde une attention particulière à la situation dans le nord du Myanmar"
et en appelle à l'arrêt des combats, a déclaré jeudi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, lors d'une conférence de presse. Ni la junte ni le MNDAA n'ont publié le chiffre des victimes des combats à Lashio, qui ont éclaté le 3 juillet. Les groupes de secours locaux affirment que des dizaines de civils ont été tués et blessés.