Le journal satirique français, Charlie Hebdo.
Le 22 décembre dernier, le journal satirique français Charlie Hebdo était condamné par le tribunal correctionnel de Valence pour avoir diffamé l'association Valeurs et réussites dans un article publié en juillet 2022 et dans lequel il était fait état d'une prétendue proximité avec les Frères Musulmans.
La journaliste Laure Daussy et Riss, le directeur de la publication du journal controversé ont écopé chacun de 3 000 euros d'amende avec sursis, et doivent s'acquitter de 3 000 euros au titre du préjudice moral, et de 2 000 euros pour les frais d'avocat.
La procédure, initiée depuis plus d'un an par l'association victime, était néanmoins incertaine dans la mesure où Charlie Hebdo jouit d'une certaine complaisance en dépit de ses multiples couvertures et publications outrancières.
Dans un entretien accordé à Anadolu, le président de Valeurs et réussites, Mourad Jabri, est revenu sur la dimension
de cette condamnation qu'il qualifie
L'audience a duré 7 heures, tellement nous avions des choses à dire.
Le dirigeant continue en dénonçant
"un article complètement à charge"
et
"une plaidoirie qui transpirait la mauvaise foi".
Et de poursuivre:
On est très satisfait de cette condamnation même si la somme allouée au titre du préjudice est très en-dessous de la réalité.
Mourad Jabri assure avoir voulu mener cette procédure à son terme pour
"montrer qu'il y a une justice en France"
même si
"ce dossier est très politique et que Charlie Hebdo est considéré comme un symbole de la liberté d'expression".
Il estime que le verdict rendu par le tribunal correctionnel de Valence
"permet de laver l'honneur de l'association qui a été salie"
par Charlie Hebdo a tel point que de nombreux "
messages de haine ont été reçus"
par ses dirigeants. Et de dire:
On a même reçu parfois des menaces donc il faut considérer que l'article publié relève aussi d'une incitation à la haine.
Mais au-delà de la diffamation, Mourad Jabri rappelle que l'article a conduit à une telle polémique que la mairie de Valence, sur injonction de la préfecture, a décidé dans la foulée, d'annuler la vente d'un terrain à Valeurs et réussites.
"La conséquence c'est qu'on a perdu le projet de construction avec l'annulation de la vente parce que Charlie Hebdo est passé par là"
grince le dirigeant associatif qui se veut néanmoins optimiste et précise que la justice administrative aura à statuer sur cette annulation dans les prochains mois.
Et pour cause, une conversation enregistrée entre le maire de Valence, Nicolas Daragon et Mourad Jabri, et consultée par Anadolu, tend à démontrer que les inquiétudes du président de Valeurs et réussites ne sont pas infondées.
Dans cet enregistrement, daté de septembre 2022, l'élu reconnaît subir des pressions l'ayant conduit à annuler la vente du terrain initialement alloué à l'association.
Je passe mon temps à dire du bien de vous, et si les gens de l'exécutif, vous en croisez, ils vous diront que je n'ai dit que du bien de vous.
"Ils vous diront que je trouve que la situation est injuste, et ils vous diront aussi que malheureusement je suis entre le marteau et l'enclume"
déclare notamment Nicolas Daragon avant de mentionner une publication partagée plus d'un millier de fois sur X suite à l'article de Charlie Hebdo et dans laquelle il est accusé de
"favoriser les islamistes".
Ces éléments ont d'ailleurs poussé les avocats de l'association Valeurs et réussites à relever, dans les conclusions remises au tribunal de Valence
"une intention de nuire patente"
de la journaliste de Charlie Hebdo
"à l'égard de l'école musulmane et de son projet de développement".
Mais Laure Daussy n'est pas la seule dont les travaux sont à questionner concernant l'association Valeurs et réussites puisque l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, a elle aussi fourni une attestation accusant l'établissement d'être proche des Frères Musulmans.
Connue pour ses positions controversées sur l'Islam, la chargée de recherche au CNRS, a donc, comme Charlie Hebdo été désavouée dans ses écrits puisque la justice, a estimé que les liens établis entre les Frères Musulmans et l'association musulmane relevaient de la diffamation.
"Le cabinet vient de faire condamner le journal Charlie Hebdo pour diffamation. Il avait qualifié la cliente, l'école musulmane de Valence, d'appartenir à la confrérie des Frères Musulmans"
se félicitait maître Nabil Boudi, qui défend l'établissement scolaire, à l'annonce du délibéré. Et de conclure:
Les journalistes réfléchiront à deux fois avant de taxer les associations musulmanes, d'associations islamistes.
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