France : le policier mis en cause pour la mort de Nahel a été réintégré au sein de la police

13:231/07/2025, mardi
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Des manifestants brandissent des banderoles sur lesquelles on peut lire "La police tue" et "Justice pour Nahel" lors d'un rassemblement marquant les deux ans de la mort de Nahel Merzouk, un jeune homme de 17 ans abattu à bout portant par la police lors d'un contrôle routier, à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 27 juin 2025.
Crédit Photo : JULIEN DE ROSA / AFP
Des manifestants brandissent des banderoles sur lesquelles on peut lire "La police tue" et "Justice pour Nahel" lors d'un rassemblement marquant les deux ans de la mort de Nahel Merzouk, un jeune homme de 17 ans abattu à bout portant par la police lors d'un contrôle routier, à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 27 juin 2025.

Le brigadier de police Florian M., mis en examen pour le meurtre de Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023, a été réintégré au sein de la police nationale depuis le 17 mars, selon les informations du journal Libération.

Par voie d'un arrêté signé par délégation au nom du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, et à la demande de la Direction générale de la police nationale, l'agent a officiellement repris ses fonctions.


Toutefois, il n'a pas retrouvé son poste initial dans les Hauts-de-Seine, mais a été affecté dans un commissariat du Pays basque,
"dans l'intérêt du service"
, selon la formule administrative habituelle.

Cette mutation, qui écarte le brigadier du terrain, correspondrait également à ses propres souhaits, selon plusieurs témoignages recueillis lors de l'enquête menée par la justice.


Bien qu'il ait été réintégré, Florian M. reste soumis à un strict contrôle judiciaire. Mis en accusation devant une cour d'assises pour meurtre – une décision à laquelle il a fait appel – il a toujours interdiction de porter et de détenir une arme. Cette interdiction le rend inapte à tout service de voie publique, mais ne l'empêche pas de travailler en relation avec le public à l'intérieur d'un commissariat.

Autre élément révélateur du soutien administratif dont il a bénéficié : la conservation de sa rémunération durant sa détention provisoire, entre juin et novembre 2023. Comme le rappelle Libération, le brigadier a été suspendu
"à plein traitement"
, sur décision de Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur.

Cette mesure, qui lui permettait de percevoir son salaire hors primes, a duré près de deux ans, jusqu'à sa réintégration effective.


Cette réaffectation intervient alors que la justice n'a pas encore tranché définitivement sur le fond de l'affaire. Le recours contre sa mise en accusation est en cours d'examen. Contacté par Libération, son avocat Laurent-Franck Liénard n'a pas souhaité répondre sur le fond.


La décision de l'administration de maintenir l'agent en activité, malgré la gravité des charges retenues et l'émotion nationale qu'a suscitée la mort de Nahel, risque de relancer le débat sur l'impunité policière perçue par une partie de l'opinion.

Elle intervient dans un contexte toujours tendu autour des violences policières et de la réponse de l'État, deux ans après les émeutes qui ont embrasé plusieurs villes du pays à la suite du drame de Nanterre.


Selon les organisations comme Flagrant Deni ou la LDH, depuis l'adoption de l'article L435-1 de la loi "Cazeneuve" en 2017, au moins 35 personnes ont été tuées par des policiers dans des situations de refus d'obtempérer, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes.


Ce cadre juridique est, aujourd'hui, au cœur de critiques d'ONG, d'élus et de chercheurs, comme Fabien Jobard (CNRS), qui a déclaré :
"Elle rend extrêmement confus les conditions d'usage de l'arme et élargit considérablement le champ des possibles".

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