Une enquête judiciaire visant la gestion controversée du fonds de lutte contre le "séparatisme", lancé après le choc causé par l'assassinat en 2020 du professeur Samuel Paty en France, a franchi une nouvelle étape avec des perquisitions mardi aux domiciles de plusieurs protagonistes-clés du dossier.
Mohamed Sifaoui, journaliste et co-responsable de la principale association bénéficiaire de ce fonds baptisé Marianne, était attendu mardi matin devant la commission d'enquête du Sénat, qui entend depuis la mi-mai plusieurs personnes.
Mais coup de théâtre à l'ouverture des débats, une perquisition à son domicile l'a empêché de pouvoir honorer ce rendez-vous, a annoncé le président de cette commission.
MM. Sifaoui et Karunagaran étaient les deux porteurs du projet de l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), qui a reçu la plus grosse somme de ce fonds (355.000 euros). Le siège parisien de cette association était lui aussi visé par une perquisition, selon une source proche du dossier.
De même, une perquisition avait lieu au domicile du préfet Christian Gravel, l'ancien patron démissionnaire de la structure gestionnaire du fonds au ministère français de l'Intérieur, selon des sources judiciaire. Christian Gravel a démissionné le 6 juin après la publication d'un rapport accablant dénonçant son "traitement privilégié" de l'une des associations bénéficiaires.
Lancé le 20 avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, après le choc causé par l'assassinat du professeur Samuel Paty, ce fonds, initialement doté de 2,5 millions d'euros, visait à financer des associations promouvant les valeurs de la République pour lutter contre le "séparatisme" et la radicalisation sur les réseaux sociaux.
Schiappa doit être auditionnée mercredi matin par la commission d'enquête. Elle devra clarifier son rôle dans le processus de sélection des 17 associations lauréates, en particulier de l'USEPPM.