Des personnes passant devant les bannières des candidats aux élections générales à Guatemala City, le 22 juin 2023. Crédit Photo: Luis ACOSTA / AFP
Les Guatémaltèques votent ce dimanche sans illusion pour désigner le successeur du président sortant Alejandro Giammattei (droite) à la tête du pays le plus peuplé d'Amérique centrale, en proie à la corruption, la misère et la violence des bandes criminelles.
Le président Giammattei est désavoué à 76% dans les sondages, au terme de quatre ans d'un mandat non renouvelable marqué par la répression contre les magistrats et les journalistes qui dénonçaient la corruption.
Les Guatémaltèques doivent aussi élire 160 députés, 340 maires et 20 représentants au Parlement centroaméricain.
Les quelque 3.500 bureaux de vote du pays ont ouvert à 07H00 locales (13H00 GMT) et les premiers résultats devraient être connus trois heures après leur fermeture à 18H00 (00H00 GMT).
Des bureaux de vote sont également ouverts dans une quinzaine de villes des Etats-Unis, où résident quelque 2,8 millions de Guatémaltèques, même si seulement 90.000 sont inscrits sur les listes électorales.
L'ancienne Première Dame Sandra Torres, sociale démocrate, est en tête avec 21,3% des intentions de vote dans le derniers sondage de l'institut Prodatos.
Elle est suivie par le centriste Edmond Mulet, un ex-diplomate de haut niveau à l'ONU qui est crédité de 13,4% des intentions de vote, et par la candidate conservatrice Zury Rios (9,1%), la fille d'un ancien dictateur aujourd'hui décédé.
Un total de 22 candidats se présentent aux suffrages de 9,4 millions d'électeurs inscrits, désabusés après l'exclusion du scrutin par la justice ou le Tribunal suprême électoral des favoris des sondages, dont Thelma Cabrera (gauche) appartenant à la population autochtone maya qui représente environ 45% du corps électoral.
Ces évictions ont semé le doute sur la loyauté du scrutin et sur l'impartialité des institutions, accusées de manœuvrer pour préserver un régime autoritaire et corrompu fondé sur la cooptation par les élites dirigeantes.
Signe de la défiance, 13,5% des électeurs sondés disent vouloir déposer un bulletin nul dans l'urne.
Lors du 1er tour de la précédente élection, en 2019, il n'avaient été que 4,1% à le faire.
Analystes, ONG, responsables des communautés autochtones, ainsi que le candidat Edmond Mulet, critiquent unanimement le contrôle croissant sur les institutions de la part de puissants secteurs d'intérêt politique et financier qui souhaitent voir perdurer corruption et impunité.
Durant le mandat du président Giammattei, une dizaine d'anciens procureurs anti-corruption ont été arrêtés tandis que d'autres ont pris le chemin de l'exil. Ces magistrats avaient travaillé avec une mission de l'ONU contre l'impunité qui a révélé de retentissants scandales entre 2007 et 2019, dont l'un a mené à la démission et à l'arrestation d'un chef de l'Etat.
En outre, le patron et fondateur d'un journal critique du gouvernement, José Ruben Zamora, a été condamné à six ans de prison seulement dix jours avant le premier tour.
Accusé de blanchiment d'argent, chantage et trafic d'influence, M. Zamora dénonce un
pour le faire taire, lui et son journal El Periodico, contraint de cesser ses activités le 15 mai.
"Toutes les institutions de l'Etat, y compris le processus électoral, sont manipulées par des groupes de pouvoir liés à la corruption et au pouvoir traditionnel de l'oligarchie",
assure à l'AFP Edie Cux, directeur de l'antenne locale de Transparency International, une ONG allemande qui suit la perception de la corruption.
"Nous sommes en train de glisser peu à peu vers un modèle autoritaire. Je ne dis pas une dictature, pour le moment, mais autoritaire, sur le modèle du Nicaragua",
dénonce M. Mulet.
Faisant fi des critiques dans le pays et à l'international, le président sortant Alejandro Giammattei a qualifié vendredi dans un message à la nation le Guatemala de
"démocratie solide, et qui se consolide avec des élections régulières, libres et participatives".
Le Guatemala est l'un des pays les plus inégalitaires d'Amérique latine, juge la Banque mondiale, avec 10,3 millions de ses 17,6 millions d'habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté et un enfant sur deux qui souffre de dénutrition chronique, selon l'ONU.
Enfin, des bandes criminelles sèment la terreur dans un pays où le taux de meurtres de 17,3 pour 100.000 habitants est le triple de la moyenne mondiale.
Misère et violence poussent chaque année des milliers de Guatémaltèques à s'exiler aux Etats-Unis, et les transferts d'argent envoyé par les émigrés à leurs familles se sont élevés l'année dernière à 18 milliards de dollars, soit 19% du PIB.
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