La société civile et l'opposition sénégalaises ont maintenu la pression sur le président Macky Sall lundi à la veille d'une marche annoncée contre le report de la présidentielle, qui met le pays en émoi.
Le président Sall cherche, lui, comment extraire le Sénégal d'une des plus graves crises qu'il ait connues depuis des décennies. Des médias ont fait état de pourparlers pour renouer les fils du dialogue avec l'opposition, y compris l'antisystème Ousmane Sonko, qui a livré au pouvoir un bras de fer de plus de deux ans avant d'être emprisonné en 2023.
Ni la présidence, ni le gouvernement n'ont répondu aux interrogations de l'AFP à ce sujet.
Le collectif Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), qui revendique une quarantaine de groupes citoyens et religieux et d'organisations professionnelles, a appelé à une marche mardi après-midi à Dakar. De nombreux politiques ont dit leur intention d'être à cette manifestation qui s'annonce comme un rendez-vous crucial.
De nombreux sénégalais ont essayé vendredi de répondre à un autre appel diffusé sur les réseaux sociaux. Les forces de sécurité ont réprimé les rassemblements. Trois personnes ont été tuées. Les autorités n'ont donné aucun signe jusqu'alors d'autoriser la marche de mardi.
Ses partisans à l'Assemblée nationale et ceux de Karim Wade, candidat disqualifié, ont ensuite entériné le renvoi de l'élection au 15 décembre et le maintien du président Sall à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, a priori donc début 2025.
Elle suspecte une manœuvre pour que le président Sall, dont le mandat expirait officiellement le 2 avril, reste au pouvoir, même si celui-ci répète qu'il ne se représentera pas.
Méfiance
Les huit universités publiques du Sénégal ont entamé lundi pour deux jours une grève très suivie par les enseignants pour protester contre la mort d'un étudiant dans le contexte des troubles de vendredi à Saint-Louis (nord), a appris l'AFP lundi auprès du principal syndicat de l'enseignement supérieur.
M. Sall a justifié le report par les querelles suscitées par l'homologation de vingt candidatures par le Conseil constitutionnel et la disqualification de dizaines d'autres. Il a dit vouloir une élection incontestable, s'inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023.
Leur parti a jusqu'alors rejeté l'offre de dialogue. Or la détente paraît presque impossible sans libérer les deux hommes et sans permettre à M. Sonko de concourir à la présidentielle, disent différents experts.
Amadou Ba, mandataire de M. Faye, a exprimé sur les réseaux sociaux sa défiance devant une éventuelle loi d'amnistie qui, selon certains médias, pourrait être discutée mercredi en conseil des ministres.