Au Pakistan, la suspension de l'USAID menace d'assécher l'une des villes les plus chaudes au monde

17:5721/02/2025, الجمعة
AFP
L'usine d'approvisionnement en eau de l'organisation pakistanaise à but non lucratif HANDS, financée par l'USAID, à Jacobabad, dans la province méridionale de Sindh, le 18 février 2025.
Crédit Photo : Fida HUSSAIN / AFP
L'usine d'approvisionnement en eau de l'organisation pakistanaise à but non lucratif HANDS, financée par l'USAID, à Jacobabad, dans la province méridionale de Sindh, le 18 février 2025.

La suspension de l’aide américaine pourrait priver d’eau potable Jacobabad, l’une des villes les plus chaudes au monde, alerte l’ONG pakistanaise HANDS.

Après des années de travaux financés par l’USAID, l’arrêt des fonds met en péril une station de filtration vitale pour des centaines de milliers d’habitants.

Une ville au climat extrême menacée par la suspension des fonds


Située dans la province du Sindh, Jacobabad connaît des températures estivales dépassant régulièrement 50°C. Même en hiver, le thermomètre dépasse déjà 30°C, signe du dérèglement climatique qui frappe durement la région.

Jusqu’à récemment, le million d’habitants du district dépendait de citernes tractées par des ânes, vendant à prix d’or une eau souvent contaminée et parfois chargée en arsenic. En 2012, l’USAID avait alloué 66 millions de dollars pour réhabiliter une station de pompage et de filtration d’eau située à 22 km de la ville, améliorant considérablement les conditions sanitaires.


Mais le 20 janvier, le président Donald Trump a suspendu pour trois mois l’aide étrangère américaine, gelant 1,5 million de dollars destinés au projet. Cette décision pourrait entraîner la fermeture de la station et le retour à une crise de l’eau à Jacobabad.

Un retour aux pénuries d’eau potable ?


Pour 350 000 habitants, cette station fournit chaque jour 5,6 millions de litres d’eau potable pour 1,5 euro par mois, soit dix fois moins cher que l’eau des citernes ambulantes. Toufail Ahmed, 25 ans témoigne:


Cette station a changé nos vies. Sans elle, survivre sera un défi, car l’eau est essentielle.

Avant la mise en service du réseau, les habitants devaient parcourir des heures à pied pour s’approvisionner en eau, raconte Noor Ahmed, un étudiant de 18 ans.
"L’eau contaminée nous rendait malades, ce qui augmentait nos dépenses de santé"
, ajoute Sadruddin Lashari, 55 ans.

La suspension des paiements a déjà conduit 47 employés de l’ONG HANDS au chômage technique.
"Nous devons retirer nos employés et cesser toutes nos prestations"
, déplore Cheikh Tanvir Ahmed, directeur de HANDS.

Un risque de crise humanitaire


Si aucun financement n’est trouvé, le pompage de l’eau pourrait cesser dans les prochains mois. Or, le gouvernement local ne dispose ni des fonds ni des compétences techniques pour assurer la gestion de l’infrastructure à long terme.


"L’arrêt du projet à ce stade serait un échec total"
, avertit Cheikh Tanvir Ahmed, qui exhorte Washington à revenir sur sa décision.
"L’eau est plus qu’un médicament, l’eau c’est la vie"
.

Déjà, les précipitations ont chuté de 52 % dans le Sindh entre septembre et janvier, selon les autorités locales, qui annoncent une sécheresse modérée pour les mois à venir.

Le Pakistan, qui n’est responsable que de moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est pourtant le pays le plus impacté par le changement climatique, selon un classement de l’ONG Germanwatch. En 2022, des pluies de mousson exceptionnelles avaient submergé un tiers du pays, faisant plus de 1 700 morts et causant près de 15 milliards de dollars de dégâts.


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