Le président de la Banque interaméricaine de développement (BID), Ilan Goldfajn. Crédit photo: JOEL SAGET / AFP
La Banque interaméricaine de développement (BID), grand bailleur de fonds international en Amérique latine, s'imagine en "parapluie" de l'ensemble des projets liés au climat en Amazonie, indique son président, Ilan Goldfajn, dans un entretien à l'AFP.
Les banques multilatérales de développement comme la BID ont un rôle crucial à jouer dans les efforts actuels pour intégrer davantage les questions climatiques à l'architecture financière internationale, qui seront discutés jeudi et vendredi lors d'un sommet à Paris sous l'égide du président français Emmanuel Macron.
"L'Amazonie ce n'est pas un seul pays"
, rappelle Ilan Goldfajn, qui a pris depuis décembre la tête de la BID et souhaite
"créer un programme parapluie dans lequel nous pourrons joindre toutes les initiatives".
Bassin immense de plus de cinq millions de kilomètres carrés, l'Amazonie est occupée à environ 60% par le Brésil, mais s'étend aussi en Bolivie, Colombie, Équateur, Guyane française, Guyana, au Pérou, au Suriname et au Venezuela. La forêt a perdu environ 20% de sa surface au cours du dernier demi-siècle, et les initiatives y sont nombreuses.
Il y a
"au Brésil, en Colombie, au Pérou, des initiatives bilatérales qui impliquent des pays européens comme la France, des initiatives de notre banque de développement, et les ONG",
égrène le Brésilien, ancien président de la banque centrale de son pays, passé ensuite par le FMI.
Le président brésilien Lula a encore présenté début juin un plan de lutte contre la déforestation illégale en Amazonie, l'une des priorités de son gouvernement depuis son retour au pouvoir.
La BID, créée en 1959, est devenue la principale institution internationale de financement à long terme pour les pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Elle a ainsi validé 14 milliards de dollars de prêts l'an dernier, surtout vers l'Argentine, le Brésil et le Mexique, principalement pour des projets liés à l'eau, à l'énergie, et au développement des entreprises.
Dans la quête pour un financement plus efficace des projets climatiques à l'échelle internationale,
"les milliards sont importants, mais le plus important c'est ce que l'on en fait"
, relève toutefois Ilan Goldfajn.
L'argument prend d'autant plus de résonance après plusieurs évaluations internes menées ces dernières années par le bureau d'évaluation et de contrôle, un organisme interne, sur l'efficacité des prêts. Pour 2022, entre un quart et la moitié des projets avaient été notés positivement.
La BID est confrontée à un double objectif: mieux prêter en comparaison avec la gestion du passé, et prêter davantage à des pays soumis aux crises économiques à répétition depuis 2020 et aux catastrophes climatiques, à l'image de la sécheresse qui frappe depuis trois ans de larges parties de l'Argentine et ses voisins, avec des conséquences catastrophiques sur l'agriculture locale.
"Combien de personnes on sort de la pauvreté, combien ont accès à des sanitaires, à l'eau douce, combien sont connectés. Tout cela est le but final"
, martèle le dirigeant, qui appelle à des financements
et à une plus grande implication du secteur privé, à défaut d'un plus grand financement public international.
Parmi les options possibles, M. Goldfajn cite par exemple la possibilité d'allègements de dette par les créanciers d'un pays en échange de l'engagement du gouvernement à décarboner son économie. Ou encore une meilleure organisation entre l'aide au développement et les prêts consentis par la BID, afin d'essayer de réduire les taux d'intérêts pour les remboursements.
"On sait de combien on a besoin pour le climat, 1.000 milliards de dollars, ce qui est beaucoup. A-t-on l'argent ? Nous devons encore voir combien on peut rassembler"
, selon le dirigeant de cette banque de développement.
Ilan Goldfajn appelle aussi à miser sur le lithium dont les réserves sont immenses sur le continent, évaluées aux deux tiers des réserves mondiales, et essentielles à l'économie de demain, notamment la fabrication de batteries.
"En appliquant les bonnes politiques publiques, les bonnes approches, nous deviendront l'un des principaux pourvoyeurs de minéraux nécessaires pour l'avenir"
, relève-t-il, rappelant que 30% de l'énergie produite sur le sous continent est déjà propre.
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