Polio au Cameroun: L’ultime rempart contre une épidémie silencieuse

La rédaction
17:1529/04/2025, вторник
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
Alors que la poliomyélite refait surface au Cameroun, une vaste campagne de vaccination mobilise agents de santé et bénévoles pour protéger les enfants dans tout le pays.

La poliomyélite, que beaucoup pensaient éradiquée en 2020, continue de menacer certaines régions africaines. Au Cameroun, face à de nouveaux cas détectés ces dernières années, une vaste campagne nationale de vaccination est en cours. À Yaoundé la capitale, agents de santé et bénévoles sont sur le pied de guerre pour protéger les plus jeunes. Sur le terrain, une organisation millimétrée.

Au CMA, le Centre Médical d’Arrondissement de Biyem-Assi dans l’arrondissement de Yaoundé VI, les équipes se mettent en route pour démarrer leur journée. Devant le portail de la première maison, les dernières instructions sont données.


"Deux gouttes pour chacun, sans oublier le marquage. Et vos fiches de pointage, ne les oubliez pas"
, lance Essono Paulin, superviseur et point focal communautaire de santé pour Mendong, à son équipe.

Chaque équipe est composée d’un superviseur, d’un vaccinateur et d’un enregistreur, armés de glacières et de carnets de pointage, prêts à couvrir les maisons, les marchés, les mosquées et les écoles sur leur trajet.

Lutter contre un virus qui persiste


La campagne actuelle, menée du 24 au 27 avril 2025, intervient dans un contexte épidémiologique tendu, malgré le fait que l’Afrique a été déclarée zone exempte de poliovirus en 2020 par l’organisme mondial en charge de la santé, l’OMS. Depuis 2022, le Cameroun a enregistré 23 cas du virus dérivé de souche vaccinale de type 2 (cVDPV2), dont un nouveau cas cette année à Kousseri, dans l’Extrême-Nord du pays.


La campagne actuelle vise à vacciner 7 442 572 enfants âgés de 0 à 5 ans dans les dix régions du pays. Pour se faire, 8 782 235 doses de vaccin oral de type 2 (nOPV2) ont été mobilisées.

La région du Centre, où se situe Yaoundé, doit à elle seule vacciner près de 1,39 million d’enfants. L’Extrême-Nord, région historiquement la plus touchée par la polio, compte quant-à elle 1,86 million d’enfants ciblés.


Les parents, premiers alliés de la vaccination


Sur le terrain, l’adhésion des parents est cruciale. Au CMA de Biyem-Assi, nombreux sont ceux qui laissent volontairement vacciner leurs enfants.


"Je suis contente de voir que mes enfants sont vaccinés maintenant. Ça les aide à ne pas avoir de poliomyélite et d’être immunisés dans le futur"
, confie une mère de famille, après avoir fait vacciner ses trois enfants.

La sensibilisation, menée en amont via les radios communautaires, les églises, les mosquées et les associations locales, ayant d’ailleurs permis de préparer efficacement les familles.

La riposte contre une menace bien réelle


La campagne actuelle est qualifiée de
"riposte vaccinale"
par les autorités sanitaires. En effet, la circulation persistante du poliovirus, notamment dans certaines zones à risque, justifie cette mobilisation exceptionnelle.

"Quand on parle de campagne, généralement, c’est parce qu’il y a eu des cas de polio dans des zones un peu plus complexes, où on retrouve régulièrement ce poliovirus. Ce qui fait qu’on est obligé d’organiser une riposte. La dernière fois, on avait pratiquement 8 cas de polio chez les enfants de 0 à 5 ans"
, rappelle Essono Paulin.

Outre la vaccination, les agents doivent également informer les familles sur l’importance de l’hygiène, la surveillance des signes de paralysie, et la nécessité de compléter les doses vaccinales.

Le Cameroun espère ainsi éviter l’apparition de virus "orphelins", signe d’une circulation silencieuse et non détectée, comme ceux récemment identifiés dans l’Est et l’Extrême-Nord du pays.


Prochaine étape: une deuxième vague de vaccination en mai


Cette campagne d’avril n’est que la première étape. Une deuxième vague de vaccination est prévue du 29 mai au 1er juin 2025, toujours avec l’objectif d’interrompre toute transmission locale du virus et de renforcer l’immunité collective.


Une double offensive qui s’inscrit dans une stratégie régionale plus large, synchronisée avec les autres pays du bassin du Lac Tchad, pour éradiquer définitivement la polio d’ici 2028.


Par
Franck Péraise Mballa

A lire également:






#Cameroun
#Yaoundé
#santé
#vaccination
#polio
#poliomyélite
#campagne de vaccination
#vaccin
#CMA
#épidémie