Le procureur chargé de l'enquête concernant l'irruption d'hommes armés en direct sur le plateau d'une chaîne de télévision publique équatorienne, le 9 janvier, a été assassiné mercredi, alors que le pays se trouve sous le régime de l'état d'urgence, en "guerre" contre les gangs de narcotrafiquants.
Sur les photos obtenues par l'AFP, on voit plusieurs impacts de balles qui ont traversé la vitre latérale côté conducteur, pourtant apparemment blindée.
Nous réaffirmons l'engagement ferme du gouvernement à soutenir l'administration de la justice.
En direct
Les images, très spectaculaires, de l'irruption en direct d'hommes lourdement armés, encagoulés, plaquant au sol sous la menace journalistes et employés de la chaîne TC à Guayaquil avaient fait le tour du monde.
Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s'est poursuivie en direct pendant de longues minutes, malgré l'extinction des lumières sur le plateau et le figement de la caméra.
L'intervention rapide des forces de l'ordre a permis de mettre fin à la prise d'otages sans faire de victime et d'arrêter treize assaillants.
L'un des journalistes pris en otage a raconté à l'AFP:
J'ai été frappé par leur inexpérience.
Quelques images restent en mémoire: les signes faits devant la caméra par les assaillants fanfaronnant pour revendiquer leurs gangs d'appartenance, ou encore le fusil à pompe posé sur la tempe d'un malheureux reporter.
Procureurs dans le collimateur
Cet assaut sur un plateau télévisé a constitué un climax de l'enchaînement de violences déclenchées par l'évasion quelques jours plus tôt du redouté chef du gang des Choneros, Adolfo Macias, alias "Fito".
Plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens ont touché des prisons, et dans les rues de Guayaquil ou de la capitale Quito, les gangs ont semé la terreur à force d'explosions ou de tirs dirigés contre la police.
Les procureurs sont sous la menace de la vingtaine d'organisations criminelles qui opèrent en Équateur, naguère havre de paix ravagé par la violence après être devenu le principal point d'exportation de la cocaïne produite dans les États voisins que sont le Pérou et la Colombie.
En juin, le procureur Leonardo Palacios a été tué par des hommes armés dans la ville de Duran, voisine de Guayaquil.
La justice équatorienne s'attaque aux criminels mais aussi à la corruption liée au narcotrafic qui a gangréné jusque dans les arcanes de l'État.