Éthiopie : L’Égypte et le Soudan perçoivent le grand barrage de la Renaissance comme une menace

13:384/09/2025, jeudi
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Vue générale du barrage Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) à Guba, en Éthiopie, le 20 février 2022.
Crédit Photo : Amanuel SILESHI / AFP Archive
Vue générale du barrage Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) à Guba, en Éthiopie, le 20 février 2022.

L’Égypte et le Soudan estiment que le grand barrage de la Renaissance, érigé par l’Éthiopie sur le Nil Bleu, représente une menace directe pour eux.

Une réunion dans le cadre du mécanisme "2+2" s’est tenue dans la capitale égyptienne, le Caire, avec la participation du ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty et du ministre des Ressources en eau et de l'Irrigation Hany Sweilem, aux côtés du ministre d’État soudanais chargé des Affaires étrangères et de la coopération internationale Omar Siddiq, et du ministre soudanais de l’Agriculture et de l’Irrigation Ismat Gurashi.


À l’issue de cette réunion dont la première édition s’était tenue en février, le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié un communiqué conjoint sur ses réseaux sociaux.

Dans ce communiqué, il est indiqué que
"la sécurité hydrique du Soudan et de l'Égypte forme un tout indivisible. Nous rejetons catégoriquement toute mesure unilatérale susceptible de nuire à nos intérêts dans le bassin du Nil".

Le communiqué souligne aussi que les efforts communs visant à renforcer la coopération et la concertation avec les pays du bassin du Nil, ainsi qu’à maintenir la stabilité, se poursuivront. Il y est soutenu que le barrage est
"contraire au droit international".

Ledit communiqué stipule également que le barrage
"menace la stabilité dans le bassin du Nil"
, en précisant que cela entraînera des conséquences graves dans la région de l’est du bassin.

Il y est indiqué que les mesures unilatérales prises par l'Éthiopie concernant le remplissage et l'exploitation du barrage entraînent des risques sérieux en matière de sécurité, d'irrégularité des débits d'eau et de lutte contre la sécheresse.
"L'Éthiopie doit modifier sa politique dans le bassin du Nil oriental. Cette question concerne les trois pays (l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie). Nous refusons que les autres pays du bassin soient impliqués dans ce conflit"
, peut-on y lire.

Le Nil, long de 6 650 km, traverse ou est partagé par onze pays dont le Burundi, le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Éthiopie, l’Érythrée, le Soudan du Sud, le Soudan et l’Égypte.

Le 2 septembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré que le barrage ne causait aucun préjudice à l'Égypte et au Soudan, mais qu'il assurait au contraire un débit régulier tout au long de l'année et prévenait les inondations.


Le différend entre le Soudan, l'Égypte et l'Éthiopie au sujet du Grand Barrage de la Renaissance


L'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan s'affrontent depuis de nombreuses années au sujet du Grand Barrage de la Renaissance.


Bien que près de 80 % des eaux du Nil prennent leur source sur son territoire, l'Éthiopie ne peut en exploiter que 3 %. Elle a lancé les travaux de construction du Grand Barrage de la Renaissance, qui deviendra le plus grand d'Afrique, le 2 avril 2011.

Le barrage revêt une grande importance, car il est construit sur le Nil Bleu, qui alimente à 85 % le Nil, dans une région proche de la frontière entre le Soudan et l'Éthiopie. L'Éthiopie vise ainsi à combler son déficit énergétique et à commercialiser de l'électricité grâce à ce projet.


Alors qu'Addis-Abeba poursuit le remplissage du barrage sans être parvenue à un accord avec l’Égypte et le Soudan, les gouvernements du Caire et de Khartoum affirment, pour leur part, qu’un accord trilatéral est indispensable afin de garantir que les quotas annuels d’eau alloués à chaque pays riverain du Nil ne soient pas affectés.


Malgré les objections, le premier remplissage du barrage a eu lieu en juillet 2020, et la production d’électricité a officiellement débuté le 20 février 2022.


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