France: La justice suspend l’arrêté anti-burkini du maire de Mandelieu-la-Napoule

La rédaction
17:2718/07/2025, vendredi
MAJ: 18/07/2025, vendredi
Yeni Şafak
La justice suspend l'arrêté d'interdiction du burkini de la mairie de Mandelieu-la-Napoule.
Crédit Photo : X / X
La justice suspend l'arrêté d'interdiction du burkini de la mairie de Mandelieu-la-Napoule.

Le maire de Mandelieu-la-Napoule a pris un arrêté le 15 juillet 2025 interdisant le port du burkini sur les plages, au nom de la neutralité religieuse. Cette décision s'inscrit dans une dynamique portée par l'extrême droite française visant les signes visibles de l'islam. Saisi en urgence, le tribunal administratif a suspendu l'arrêté ce vendredi 18 juillet, jugeant qu’il portait atteinte à la liberté religieuse sans justification d’ordre public. Une victoire pour les associations de défense des droits.

Mandelieu-la-Napoule : la justice annule l’arrêté anti-burkini du maire


La municipalité de Mandelieu-la-Napoule, dans le sud-est de la France, avait publié le 15 juillet un arrêté municipal interdisant le port de
"tenues de bain manifestant ostensiblement une appartenance religieuse"
sur ses plages jusqu’au 31 août 2025. Une mesure qui visait directement le port du burkini, bien qu’aucune confession ne soit expressément mentionnée dans le texte.

Crédit Photo : Nouvelle Aube /
Affiche sur la plage Robinson de Mandelieu-la-Napoule montrant l'interdiction du burkini.

Cet arrêté, signé par le maire LR Sébastien Leroy, avait suscité une vive polémique. Plusieurs associations de défense des droits humains et collectifs musulmans avaient dénoncé une mesure stigmatisante, islamophobe et juridiquement injustifiée.


Une politique marquée par l'idéologie de l'extrême droite


L'interdiction du burkini s'inscrit dans une série de décisions portées par des élus locaux influencés par l'extrême droite française, qui a fait de la lutte contre les signes extérieurs de l'islam l’un de ses chevaux de bataille.


À l’image de précédents arrêtés à Cannes, Villeneuve-Loubet ou encore Sisco en Corse, régulièrement retoqués par la justice, ces mesures traduisent une volonté de restreindre l’espace public pour les femmes musulmanes.


"Il s'agit d'une instrumentalisation politique du principe de laïcité à des fins discriminatoires"
, dénonce une juriste militante.
"Le burkini ne trouble pas l'ordre public et son interdiction est systématiquement annulée par les juridictions administratives"
, rappelle-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que le maire de Mandelieu-la-Napoule, Sébastien Leroy, est désavoué par la justice pour des arrêtés visant les tenues vestimentaires musulmanes. En 2023 déjà, il avait tenté d’interdire les tenues de bain conformes aux normes vestimentaires islamiques, évoquant des motifs d’ordre public et de laïcité.


Mais cette tentative s’était soldée par un échec devant le tribunal administratif, qui avait rappelé l’illégalité de telles mesures discriminatoires et contraires aux libertés fondamentales.



La justice suspend l'arrêté du maire


Ce vendredi 18 juillet, le tribunal administratif saisi en référé a suspendu l’arrêté du maire de Mandelieu-la-Napoule. La justice a estimé que le port du burkini ne pouvait pas, en l’état, constituer une atteinte à l’ordre public justifiant une telle restriction de liberté.


Cette décision s'inscrit dans la droite ligne de la jurisprudence du Conseil d’État, qui avait déjà, en 2016, annulé plusieurs arrêtés similaires jugés discriminatoires.


"Cette victoire judiciaire rappelle que le droit protège la liberté religieuse, même sur les plages"
, a réagi le Comité contre l’islamophobie en France, saluant un
"recul de l’arbitraire local".

Une bataille juridique et politique continue


Malgré les décisions de justice répétées, certains maires persistent à imposer des interdictions du burkini chaque été. Une stratégie qui vise moins à l’efficacité qu’à l’effet médiatique, dans un contexte où l’islam et les musulmans sont régulièrement instrumentalisés à des fins électoralistes.


Pour les concernées, cette nouvelle suspension confirme une fois encore l'illégalité de telles pratiques. Elles appellent le gouvernement à
"faire cesser ces arrêtés discriminatoires"
en encadrant plus strictement le pouvoir de police des maires.

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