Crédit Photo : JOHAN ORDONEZ / AFP
Le directeur exécutif de l'ONG Cristosal, Noah Bullock, fait un geste lors d'un entretien avec l'AFP à Guatemala City le 17 juillet 2025.
L'ONG de défense des droits humains Cristosal a annoncé jeudi la cessation de ses activités au Salvador, dénonçant la "répression et la persécution" incessantes du gouvernement du président Nayib Bukele.
Après 25 ans d'action dans le pays, Cristosal met fin à ses opérations au Salvador, tout en précisant qu'elle poursuivra son engagement depuis ses bureaux au Honduras et au Guatemala, face à la guerre déclarée par les autorités locales contre les organisations locales et internationales de défense des droits humains.
"Après 25 ans de défense des droits humains au Salvador, Cristosal annonce la suspension de ses activités dans le pays en raison de la criminalisation croissante des défenseurs, de l'imposition de la loi sur les agents étrangers (LAEX) et de la faiblesse de l'indépendance institutionnelle. Notre travail continuera, réorganisé et engagé, depuis nos bureaux au Guatemala et au Honduras"
, indique un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
L'organisation a notamment subi un coup dur avec l'arrestation en mai de Ruth Eleonora López, responsable de l'unité anticorruption de Cristosal, accusée de détournement de fonds lors de son passage à la Cour électorale suprême. López et son équipe avaient dénoncé des cas présumés de corruption au sein de l'administration Bukele.
Cristosal affirme que cette arrestation s'inscrit dans une stratégie du gouvernement pour réduire au silence l'une de ses dernières voix critiques.
L'ONG dénonce également un harcèlement juridique et administratif, de l'espionnage, la surveillance de ses activités et domiciles, ainsi que des campagnes de diffamation.
"Bien que ce contexte soit ancien, c'est la première fois au Salvador qu'il n'existe aucune garantie de défense"
, précise le communiqué.
Cristosal pointe aussi la récente loi sur les agents étrangers, adoptée en urgence, qui oblige les organisations recevant des financements étrangers à s'enregistrer comme telles, et impose des taxes pouvant atteindre 30 % sur leurs ressources. Cette loi est présentée comme un outil répressif majeur contre les ONG.
"Elle instaure des sanctions discrétionnaires, des taxes ciblées et une surveillance étatique pour censurer et punir les organisations indépendantes"
, souligne Cristosal.
Selon l'ONG, environ 60 % de la population salvadorienne vit dans la peur de représailles ou de persécutions en cas de protestation ou de critique envers le gouvernement Bukele.
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