La répression de Tiananmen ne sera pas oubliée, affirme le nouveau président taïwanais

16:014/06/2024, mardi
AFP
Un garçon place une bougie sur une banderole "8964" lors d'un rassemblement marquant le 35e anniversaire de la répression de la place Tiananmen en 1989, sur la place de la Liberté à Taipei au Taïwan, le 4 juin 2024.
Crédit Photo : Sam Yeh / AFP
Un garçon place une bougie sur une banderole "8964" lors d'un rassemblement marquant le 35e anniversaire de la répression de la place Tiananmen en 1989, sur la place de la Liberté à Taipei au Taïwan, le 4 juin 2024.

La répression de la place Tiananmen à Pékin par le gouvernement chinois ne disparaîtra pas "dans le torrent de l'histoire", a affirmé le nouveau président taïwanais Lai Ching-te mardi pour le 35e anniversaire de l'événement.

"Les souvenirs du 4-Juin ne disparaîtront pas dans le torrent de l'histoire et nous continuerons à travailler dur pour maintenir cette mémoire historique en vie"
, pour
"tous ceux qui sont attachés à la démocratie chinoise"
, a écrit sur Facebook M. Lai, qui a pris ses fonctions en mai.

"Parce que cela nous rappelle que la démocratie et la liberté ne sont pas faciles à obtenir, nous devons (...) répondre à l'autocratie par la liberté et faire face à la montée de l'autoritarisme par le courage"
, a ajouté le dirigeant.

Le souvenir de Tiananmen


Le 4 juin 1989, la Chine a envoyé des troupes et des chars contre des manifestants pro-démocratie et pacifiques au niveau de la grande place centrale de Pékin pour mettre fin à des semaines de protestations appelant à un changement politique.

Des centaines de personnes, voire plus d'un millier selon certaines estimations, ont été tuées. Le sujet est particulièrement sensible pour les dirigeants communistes chinois et toute mention de la répression est strictement censurée dans le pays. De nombreux jeunes Chinois ignorent aujourd'hui ce pan de l'histoire chinoise en raison de cette censure.


Veillée à Taipei


À Taipei, une veillée annuelle est prévue mardi à 18h40 (10h40 GMT) au mémorial de Tchang Kaï-chek. La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec son territoire depuis la fin de la guerre civile et l'arrivée au pouvoir des communistes à Pékin en 1949.


Pékin a accusé le président Lai Ching-te de pousser l'île vers
"la guerre"
et d'être un
"dangereux séparatiste"
. La Chine a organisé en mai des manœuvres militaires d'ampleur autour de Taïwan.

Engagement pour la démocratie


Le Parti démocrate progressiste de M. Lai défend la souveraineté de Taïwan, qui dispose de son propre gouvernement, d'une armée et d'une devise.
"Un pays vraiment respectable est un pays où les gens s'expriment"
, a écrit M. Lai dans sa publication mardi.

"Tout régime doit se confronter à la voix du peuple, surtout de la jeune génération, parce que le changement social dépend souvent d'opinions diverses"
, a ajouté le dirigeant taïwanais.
"À l'avenir, nous continuerons d'unir toutes les forces pour renforcer la démocratie à Taïwan et travaillerons avec des pays qui partagent les mêmes valeurs pour construire un monde meilleur."

Réactions de Pékin et commémorations


Pékin avait affirmé en 1989 avoir mis fin à des
"émeutes contre-révolutionnaires"
dans ce qui, hors du pays, a été vu comme un massacre d'innocents, parmi lesquels de nombreux étudiants. Interrogé au sujet du 35e anniversaire lundi, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que Pékin était
"parvenu depuis longtemps à une conclusion claire concernant les troubles politiques survenus à la fin des années 1980
".

Atmosphère à Tiananmen


Sur la place Tiananmen, des groupes de touristes portant des couvre-chefs fluo assortis ont été vus mardi matin prenant la pose à côté du mausolée du dirigeant chinois Mao Tsé-toung, dans un contexte de présence sécuritaire importante mais pas inhabituelle. L'accès à la plus grande place au monde, qui est bordée de nombreux bâtiments officiels ainsi que de la Cité interdite, est en toute période strictement contrôlé et nécessite une autorisation.


Situation à Hong Kong


À Hong Kong, ancienne colonie britannique restituée à la Chine en 1997, une huitième personne a été arrêtée lundi, en lien avec une nouvelle loi sur la sécurité nationale, pour des messages postés sur les réseaux concernant l'anniversaire de la répression.


Hong Kong a été longtemps le seul endroit de Chine où était tolérée la commémoration du massacre du 4 juin 1989. L'accord de rétrocession garantissait en principe un régime étendu de libertés dans l'ancienne colonie jusqu'en 2047.

Mais ces commémorations, souvent sous forme de veillées aux chandelles en hommage aux nombreux manifestants tués, ont été interdites à partir de 2020 quand Pékin a imposé une loi sur la sécurité très restrictive, à la suite d'une vague de manifestations prodémocratiques géantes et parfois violentes.


Des journalistes de l'AFP ont vu mardi des dizaines de policiers patrouiller Victoria Park, où des dizaines de milliers de personnes se rassemblaient auparavant pour pleurer les morts.


Appels à la mémoire


Edwin Lau, un rédacteur qui a été arrêté et fouillé par la police mardi, a indiqué qu'il avait, avant, l'habitude de participer à la veillée. Mais maintenant,
"nous pouvons recourir à d'autres moyens"
de commémoration, a-t-il déclaré à l'AFP. La veille, l'artiste hongkongais Sanmu Chen avait été brièvement arrêté après avoir tracé dans l'air les caractères chinois de
"8964"
, la date de l'anniversaire.

Les Mères de Tiananmen, un groupe de proches de victimes de la répression de 1989, ont affirmé qu'elles
"persister(aient) dans leurs trois demandes de vérité, d'indemnisation et de (reconnaissance des) responsabilités"
, dans un communiqué mardi.
"Nous ne permettrons jamais que vos vies aient été sacrifiées en vain. La tragédie historique ne doit pas se répéter"
.

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