Ouganda: le parlementaire enlevé puis relâché porte des "signes de torture", affirme le barreau

17:3230/06/2025, Pazartesi
AFP
L'avocat et parlementaire ougandais Barnabas Tinkasiimire.
Crédit Photo : @Parliament_Ug / X
L'avocat et parlementaire ougandais Barnabas Tinkasiimire.

Un célèbre avocat et parlementaire ougandais, Barnabas Tinkasiimire, enlevé vendredi et retrouvé lundi à Kampala, porte "des signes de torture", affirme le barreau ougandais, auquel appartient ce membre de la majorité présidentielle néanmoins critique envers le pouvoir.

L'Ouganda est dirigé d'une main de fer par Yoweri Museveni depuis près de 40 ans et la répression s'aggrave à l'approche de l'élection présidentielle de janvier 2026, au cours de laquelle M. Museveni, 80 ans, doit à nouveau être candidat.


Dans la nuit de dimanche à lundi, le barreau ougandais s'était inquiété de la disparition de Barnabas Tinkasiimire, ajoutant qu'il était impossible de le localiser.

L'association des avocats a expliqué dans un communiqué, citant des sources familiales, que M. Tinkasiimire a été enlevé
"par des forces de sécurité armées et équipée d'un drone"
dans une station service de Kampala.

Contactée par l'AFP, la femme de M. Tinkasiimire a indiqué lundi matin que son mari avait été relâché, après plus de deux jours sans nouvelles.


"Ils l'ont jeté à Namungoona (un quartier périphérique de Kampala) tôt ce matin"
, a déclaré Sandra Tinkasiimire, très émue et
"reconnaissante".

"Il est vivant mais très faible (...) Nous l'avons emmené se faire soigner",
a-t-elle également dit.

Le vice-président du barreau Anthony Asiimwe a précisé à l'AFP que M. Tinkasiimire avait, selon son épouse, avec laquelle il s'est entretenue, des
"marques de torture sur le corps".

Cibles


L'ONU et plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude concernant la répression en Ouganda à l'approche de la présidentielle.

"Les disparitions forcées constituent actuellement un grave problème"
dans le pays d'Afrique de l'Est, ajoute le communiqué du barreau ougandais.

"Les militants politiques, défenseurs des droits, proches de ceux qui ont déjà disparu, témoins clé et avocats semblent particulièrement ciblés",
liste le texte, précisant qu'ils sont
"fréquemment torturés, voire tués".
En juin 2024, un défenseur de l'environnement militant contre un mégaprojet pétrolier de TotalEnergies dans le pays avait été retrouvé cinq jours après sa disparition. Son association a affirmé qu'il a été arrêté et battu par des militaires.

A propos de M. Tinkasiimire, parfois surnommé
"le député rebelle",
le chef de l'opposition Bobi Wine a déclaré que le parlementaire, bien qu'appartenant à la majorité présidentielle,
"s'est souvent exprimé contre l'incurie et la mauvaise gouvernance".

"Dernièrement, il avait critiqué les efforts de Museveni pour imposer son brutal fils à notre pays, ce qui, selon sa famille, est la raison pour laquelle il est persécuté et mis au secret"
, a-t-il écrit dimanche soir sur X.

Fils et possible héritier de M. Museveni, également chef de l'armée, Muhoozi Kainerugaba est connu pour ses saillies sur X, où il a notamment plusieurs fois menacé M. Wine.


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