Suède dans l'Otan: ultimes efforts pour convaincre Ankara

La rédaction
10:2610/07/2023, lundi
MAJ: 10/07/2023, lundi
AFP
Le premier ministre de Suède, Ulf Kristersson (G) et le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan (D). Crédit photo: ADEM ALTAN / AFP
Le premier ministre de Suède, Ulf Kristersson (G) et le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan (D). Crédit photo: ADEM ALTAN / AFP

Les dirigeants turc Recep Tayyip Erdoğan et suédois Ulf Kristersson se retrouvent lundi à Vilnius pour d'ultimes tractations autour de l'adhésion de la Suède à l'Otan, à la veille du sommet annuel de l'Alliance.

La rencontre, organisée par le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, doit, espère-t-il, permettre de lever le veto d'Ankara.


En effet la Türkiye attend depuis mai 2022 que Stockholm tient sa promesse quant à sa politique de soutien concernant les organisations terroristes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'organisation terroriste Fetullah (FETO), responsable de la tentative de coup d'État avortée en Türkiye en 2016, sur son territoire, afin d'approuver son adhésion dans l'Alliance atlantique.


Stoltenberg, qui souhaite que les trente-et-un États membres de l'organisation offrent un front uni face à la Russie, a jugé jeudi
"absolument possible"
d'obtenir
"une décision positive"
de la Türkiye en Lituanie.

Le président Erdoğan a de son côté promis vendredi de prendre
"la meilleure décision, quelle qu'elle soit"
, laissant sous-entendre que toutes les options sont sur la table.

Erdoğan reproche aux autorités suédoises leur mansuétude envers les organisations terroristes du PKK sur leur sol et réclame l'extradition de dizaines d'entre eux.


Il a toutefois tempéré tout excès d'enthousiasme en exprimant de nouveau ses réserves.


Comment un État qui ne prend pas ses distances avec les organisations terroristes peut-il contribuer à l'Otan?

Le président turc, a fustigé à plusieurs reprises la Suède, encore le mois dernier, pour avoir autorisé des autodafés de Coran.


La Türkiye est le dernier pays de l'Otan avec la Hongrie qui attend que le pays scandinave honore ses engagements et cesse de soutenir des organisations terroristes présentes sur son sol en dépit des mesures prises par le pays, dont une réforme de sa Constitution et l'adoption d'une nouvelle loi antiterroriste, pour donner son accord à l'entrée de l'organisation.


"Faiblesse et désunion"


La semaine dernière, la Suède a en outre condamné un terroriste du PKK à quatre ans et demi de prison pour
"extorsion"
et
"tentative de financement terroriste"
au profit du PKK, un groupe qualifié de terroriste par Ankara, les États-Unis et l'Union européenne - une première dans le pays scandinave.


Mais une des clés du dossier réside à Washington, où le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a été reçu mercredi par Joe Biden, estiment des analystes: pour eux, le feu vert turc est conditionné à la livraison des avions de combat américains F-16 à Ankara - ce que la Türkiye dément.


La présidence turque a toutefois indiqué dimanche soir que les présidents Erdoğan et Biden s'étaient entretenus dans la journée par téléphone de l'adhésion de la Suède à l'Otan ainsi que du dossier des F-16.


Les deux dirigeants s'entretiendront en tête à tête à Vilnius, a précisé Ankara.


La Maison Blanche a dit vendredi s'attendre à une adhésion de la Suède à l'Otan
"dans un proche avenir"
, jugeant
"possible"
que la Türkiye et la Hongrie changent d'attitude au sommet de Vilnius.

En recevant vendredi à Istanbul le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays frappe aussi à la porte de l'Otan, Erdoğan a estimé que Kiev
"mérite"
d'être admis dans l'Alliance.

Zelensky venait de fustiger l'absence d'unité au sein de l'organisation sur les adhésions de la Suède et de l'Ukraine.


La Russie compte sur
"la faiblesse et la désunion de l'Alliance", qui "ne peuvent pas être permises"
, a affirmé le chef de l'État ukrainien. 

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