La langue turque, entre Orient et Occident : un héritage unique

La rédaction
17:3412/09/2025, Cuma
Yeni Şafak

Parlée par plus de 80 millions de personnes, la langue turque est le reflet d’une histoire où Orient et Occident se croisent. Marquée par l’héritage arabe depuis l’islamisation des peuples turcs au Xe siècle, elle s’est également imprégnée du français au XIXe siècle, symbole d’ouverture vers l’Europe. La réforme d’Atatürk en 1928 a introduit l’alphabet latin et cherché à réduire les emprunts étrangers. Pourtant, le turc reste aujourd’hui une langue hybride, riche de ses influences multiples.

La langue turque, avec plus de 80 millions de locuteurs natifs, est bien plus qu’un simple moyen de communication. Elle reflète une histoire marquée par les échanges entre Orient et Occident, façonnant une identité linguistique singulière.


L’héritage arabe de la langue turque


Dès le Xe siècle, l’adoption de l’islam par les peuples turcs ouvre la voie à une profonde influence arabe. Les termes liés à la religion, aux sciences et à la philosophie enrichissent le vocabulaire turc. Des mots comme
kitap
(livre),
kalem
(stylo) ou
namaz
(prière) témoignent de cet héritage.

Sous l’Empire ottoman, cette imprégnation s’accentue: l’administration, la littérature et la théologie adoptent des milliers de termes arabes. Le turc ottoman, fortement chargé d’emprunts, devient parfois difficilement compréhensible pour le peuple.


L’influence française au XIXe siècle


Au XIXe siècle, le français s’impose comme langue de l’élite ottomane. Symbole de modernité et d’ouverture, il devient la langue de la diplomatie, de l’enseignement et de la culture.


Des mots comme
pantolon
(pantalon),
şoför
(chauffeur),
restoran
(restaurant) ou
asansör
(ascenseur) entrent dans le turc. Le lycée impérial de Galatasaray, fondé en 1868 avec l’appui de la France, incarne cette francophilie culturelle.

La réforme d’Atatürk et la turcisation


En 1928, Mustafa Kemal Atatürk impose une transformation radicale. L’alphabet arabe est remplacé par un alphabet latin adapté, et une politique de
“turcisation”
vise à limiter les emprunts étrangers au profit de néologismes turcs.

Malgré cela, les influences arabe et française demeurent solidement ancrées dans la langue moderne.


Une langue au carrefour des civilisations


Le turc actuel illustre la double identité de la Türkiye. Les emprunts arabes rappellent ses liens avec l’Orient islamique, tandis que les mots français symbolisent son ouverture à l’Europe.


Aujourd’hui, cette hybridité fait de la langue turque un pont culturel unique entre deux mondes.


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