Au Brésil, un G20 divisé et bloqué par "l'impasse" sur Gaza et l'Ukraine

La rédaction
10:331/03/2024, vendredi
AFP
Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, lors de la conférence de presse à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio de Janeiro, Brésil, le 22 février 2024.
Crédit Photo : MAURO PIMENTEL / AFP
Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, lors de la conférence de presse à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio de Janeiro, Brésil, le 22 février 2024.

La première réunion de l'année des ministres des Finances du G20 s'est achevée jeudi à Sao Paulo sans parvenir à un communiqué conjoint, en raison de "l'impasse" créée par les divisions sur les "guerres" à Gaza et en Ukraine.

Le Brésil qui, depuis décembre est à la tête du groupe, a un programme ambitieux pour combattre les inégalités et le changement climatique et porter la voix du
"Sud global"
, dont le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva se pose en champion.

Mais ces priorités ont été éclipsées durant les deux journées de réunion des grands argentiers du G20 dans la mégalopole brésilienne.


En raison des désaccords liés aux
"conflits géopolitiques",
le ministre brésilien des Finances Fernando Haddad en conférence de presse a expliqué :

Comme cela arrive assez fréquemment, un communiqué (conjoint) n'est pas possible.

Il n'a pas mentionné explicitement l'offensive russe de l'Ukraine ni les attaques de l'armée d'occupation israélienne dans la bande de Gaza.


"Nous avions l'espoir que les thèmes les plus sensibles relatifs à la géopolitique seraient débattus exclusivement par des diplomates"
, a poursuivi le ministre brésilien, faisant allusion à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui s'est tenue la semaine dernière à Rio de Janeiro.

Faisant état d'une
"impasse",
il a déploré:

Comme il n'y a pas eu de rédaction conjointe (d'un communiqué à Rio), cela a fini par contaminer l'obtention d'un consensus.

Pas de "business as usual"


Depuis son début il y a deux ans, la guerre en Ukraine a déchiré le G20, entre d'un côté les pays occidentaux alliés de Kiev et de l'autre la Russie, qui soigne ses relations avec d'autres membres importants comme le Brésil, la Chine ou l'Inde.


Le groupe est aussi divisé sur Gaza, les États-Unis - principal soutien financier, politique et militaire d'Israël - et leurs alliés étant plus réticents à condamner les attaques israéliennes sur les civils que d'autres nations qui dénoncent la crise humanitaire catastrophique et le génocide vécue par les Palestiniens dans le territoire.

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, avait dit jeudi matin à des journalistes qu'il importait que les conflits du moment soient évoqués sans détour.


"Il n'y a pas de 'business as usual' (on ne peut pas faire comme si de rien n'était, ndlr) lors du G20, car nous avons une guerre contre l'Ukraine, (...) la situation humanitaire à Gaza, et tout cela ne peut pas nous laisser indifférents, tout cela doit également être discuté ici"
, avait-il insisté.

Une source de l'entourage du ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, avait aussi souligné que la France souhaitait
"citer la Russie comme agresseur, l'Ukraine comme la victime de l'agression russe".

Les réunions ministérielles servent à préparer le terrain pour la réunion des chefs d'État et de gouvernement, en novembre à Rio.


Taxer les milliardaires


Faute de communiqué conjoint, le Brésil a dû se contenter de publier un
"résumé de la présidence"
brésilienne du G20 sur la réunion.

Parmi les
"multiples défis"
pesant sur l'économie mondiale figurent
"les conflits dans de nombreuses régions du monde, les tensions géo-économiques, les inégalités persistantes, la pauvreté, la malnutrition et les maladies"
, détaille ce document.

Le Brésil avait choisi parmi les thèmes prioritaires de la réunion de Sao Paulo la réduction des inégalités, la taxation minimale des
"super-riches"
à l'échelle internationale et la dette des pays en développement.

Le ministre brésilien a exhorté à 
"trouver des solutions efficaces pour que les super-riches paient leur juste part d'impôt"
par le biais d'un système de taxation minimale des milliardaires à l'échelle internationale.

Il espère un accord sur une déclaration commune sur ce sujet d'ici la prochaine réunion ministérielle du G20 en juillet.


Fondé en 1999, le G20 représente plus de 80% du PIB mondial, les trois quarts des échanges mondiaux et les deux tiers de la population mondiale.

Il compte aujourd'hui 21 membres: les 19 premières économies de la planète, ainsi que l'Union européenne et, pour la première fois cette année, l'Union africaine.


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