L'armée malienne fait mouvement vers le nord et la région de Kidal, fief de la rébellion séparatiste, une opération risquée qui pourrait préfigurer une confrontation d'ampleur et constituer un tournant après une décennie de conflit.
Que se passe-t-il sur le terrain ?
Un important convoi de l'armée malienne a quitté Gao lundi en direction de la région de Kidal, à plus de 24 heures de route de la capitale.
Sa destination première serait les localités de Tessalit et Aguelhok, au nord de Kidal, avec pour objectif de prendre le contrôle des camps de la mission de l'ONU (Minusma).
Dans le bras de fer entre une multitude d'acteurs armés pour le contrôle du territoire, les séparatistes estiment que les emprises onusiennes doivent revenir sous leur contrôle.
La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a mené depuis Ber une succession d'opérations contre des positions de l'armée.
Ses combattants se rassemblent désormais dans la région de Kidal.
Kidal, quel enjeu ?
La région désertique de Kidal est le foyer historique des rébellions indépendantistes à dominante touareg, une population nomade et marginalisée dont les soulèvements secouent le Mali depuis l'indépendance.
Les camps du nord sont autant de points stratégiques sur la route de l'Algérie. Mais l'enjeu est aussi symbolique pour Bamako.
L'armée malienne: quelles capacités ?
Au moment où indépendantistes et terroristes se soulevaient dans le nord en 2012, vite suivis par les terroristes, l'armée malienne ne comptait qu'une douzaine de milliers d'hommes, selon un rapport parlementaire français de 2013.
Bamako peut compter sur des moyens aériens acquis en 2022, notamment trois drones turcs Bayraktar, ainsi que des avions L39 Albatros livrés par la Russie, mais dont la disponibilité et l'efficacité au combat restent incertaines.
... et les séparatistes ?
L'organisation de ces groupes leur permet toutefois de rassembler des combattants pour des périodes limitées, et des figures de la rébellion ont lancé mardi des appels à la mobilisation.
La CMA est moins prête qu'en 2012, mais elle a le terrain pour elle, et elle est rompue à une stratégie de guerre asymétrique.
Le doute subsiste quant à l'armement de la CMA. La région de Kidal est réputée être un couloir de trafics d'armes en provenance de Libye.
La CMA a déclaré avoir abattu plusieurs aéronefs maliens depuis la reprise des hostilités. Si la perte de certains appareils est attestée, les circonstances n'en sont pas établies formellement.
Quelles relations entre rebelles et terroristes ?
La porosité entre séparatistes et terroristes du GSIM fait peu de doute pour nombre d'observateurs.