Le cofondateur du média indépendant français Mediapart, Edwy Plenel.
Des voix continuent à s'élever pour dénoncer la position de l'Occident face aux massacres que subit le peuple palestiniens dans la bande de Gaza. Edwy Plenel, cofondateur du média indépendant français, Mediapart, a accordé une interview à une chaîne internationale de télévision francophone, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage intitulé "Le Jardin et la Jungle, adresse à l'Europe sur l'idée qu'elle se fait du monde".
Plenel explique que son essai est
"une adresse, c'est une interpellation (…) j'interpelle l'Europe, ses dirigeants, sa projection politique qui est l'Occident, qui n'est pas qu'une réalité géographique, des Etats-Unis à l'Australie, voire à des pays comme l'Argentine, je les interpelle à l'ombre de ces deux guerres (Russie-Ukraine et Israël-Palestine)".
"C'est quelque chose de terrible ce qui se passe sous nos yeux, il y a des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et, potentiellement, selon nombre de juristes, un crime de génocide… la destruction d'un peuple, de son quotidien, de sa vie, de ses écoles, de ses universités, de ses habitations ! C'est Gaza, mais c'est aussi la Cisjordanie, c'est la Palestine"
, a-t-il ajouté. Et de déplorer:
Il y a une volonté des actuels dirigeants israéliens de détruire la Palestine (...) et il n'y a pas de réaction !
"Les ventes d'armes continuent pour l'armée israélienne. Il n'y a pas de sanctions contre ces dirigeants, malgré toutes les demandes des juridictions internationales, des appels des Nations unies, de toutes les agences…",
poursuit le journaliste français.
Faisant la comparaison avec la réaction de l'Occident face à l'
"opération spéciale"
menée par la Russie en territoire ukrainien, Plenel dénonce:
"Il y a une autre guerre, une guerre d'agression, une guerre d'invasion, celle de l'impérialisme russe, sur notre continent, contre l'Ukraine. Là, unanimité, sanctions, protestations, mobilisations, déclarations de l'ensemble des dirigeants européens".
Edwy Plenel explique que dans son livre, il interroge ce double standard, ce déséquilibre, en essayant de remonter à sa source,
"d'où il vient, parce qu'il est tellement flagrant, tout le monde le voit. En remontant à sa source, j'interpelle l'Europe parce que je pense que c'est là où nous courons à notre perte"
.
Le monde le voit, que nous piétinons les valeurs que nous proclamons. Le monde voit que nous sommes hypocrites. Le monde voit que nous pratiquons le double langage. Et du coup le monde ne nous croit plus.
"Le monde ne nous considère plus. Le monde ne nous respecte plus",
ajoute-t-il.
Le cofondateur du média indépendant français déclare:
"On ne se débarrasse pas de notre propre crime en laissant perdurer une injustice".
Et d'expliquer:
"Nous avons reconnu l'Etat d'Israël parce que nous avons compris que les logiques de puissance, de domination, de civilisation supérieure, d'inégalités naturelles produisent des montagnes de cadavres… Le génocide, le crime contre les juifs d'Europe ! Et donc cette faute nous l'avons réparée en disant: les juifs ont le droit d'avoir un Etat où ils sont en paix… C'est aujourd'hui l'Etat où ils sont le moins en paix !".
"En même temps que nous essayons de réparer ce crime, nous le mettons sur le dos d'un autre peuple, les Palestiniens !",
affirme le journaliste.
Plenel rappelle que
"80 % des Palestiniens (ont été) mis dehors au moment de la Nakba, en 48, et puis la suite, 1967, le grand Israël, la colonisation…"
S'élevant contre ce qu'il considère comme un retour à des idéologies d'un autre temps, Il ajoute: "
Nous avons sous les yeux aujourd'hui le fait que nous entrons dans un cycle terrible où nous recommettons les mêmes erreurs. Nous avons compris dans la douleur que coloniser un peuple, vouloir lui prendre sa terre, détruire sa culture est un crime qui finit par nous barbariser nous-mêmes".
Et de fustiger:
"Nous laissons ceci se commettre aujourd'hui, alors que nous voulons empêcher Poutine de le commettre en Ukraine contre le peuple ukrainien".
"Cette indifférence sur Gaza je la trouve terrifiante (…) parce que quand on est indifférents aux autres, là-bas, on commence à devenir indifférents à nous-mêmes, à notre propre humanité, l'humanité est en jeu à Gaza. Notre humanité !",
a conclu le cofondateur de Mediapart.
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