Grèce: au moins 35.000 personnes commémorent le soulèvement contre la junte il y a 50 ans

11:3918/11/2023, samedi
MAJ: 18/11/2023, samedi
AFP
Crédit photo: Spyros Bakalis / AFPTV / AFP
Crédit photo: Spyros Bakalis / AFPTV / AFP

Au moins 35.000 personnes ont manifesté vendredi en Grèce à l'occasion du cinquantième anniversaire du soulèvement étudiant contre la junte en novembre 1973, un événement considéré comme le déclencheur du retour à la démocratie en Grèce huit mois plus tard.

A Athènes, le cortège a rassemblé 25.000 personnes, tandis qu'à Thessalonique, deuxième ville de Grèce dans le nord, 10.000 personnes se sont rassemblées, selon la police.


Dans cette ville étudiante, des échauffourées ont eu lieu entre certains manifestants et des forces de l'ordre en fin de journée avec des jets de cocktails Molotov, selon la police locale.


D'autres rassemblements, plus modestes, étaient également organisés notamment à Patras, cité étudiante et port du Péloponnèse (sud-ouest) où quelques incidents ont émaillé le rassemblement.

Environ 5.000 policiers étaient mobilisés pour l'occasion dans le centre d'Athènes, bouclé à la circulation pour permettre aux manifestants de rejoindre l'ambassade des Etats-Unis et dénoncer, comme chaque 17 novembre, le soutien de Washington à la dictature militaire grecque (1967-1974) en pleine Guerre froide.


Des stations de métro ont également été fermées pour des raisons de sécurité alors que des drapeaux palestiniens ont été déployés dans le cortège en signe de soutien aux Palestiniens dans la guerre entre Israël et le Hamas.

La gauche grecque et les organisations estudiantines, traditionnellement favorables à la cause palestinienne, ont exprimé un soutien fort aux Palestiniens, notamment l'organisation de jeunesse du parti communiste grec qui a défilé derrière un immense drapeau palestinien.


"Liberté pour la Palestine"
, ont scandé des étudiants tandis que selon la télévision grecque, des fumigènes aux couleurs du drapeau palestinien ont été lancés devant l'ambassade des Etats-Unis.

Le gouvernement du Hamas a annoncé vendredi que 12.000 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.

L'attaque du Hamas le 7 octobre a fait environ 1.200 morts côté israélien, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.


Dans un message à l'occasion de ces commémorations, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a vu dans le soulèvement étudiant de novembre 1973
"un phare qui éclaire la route vers une société plus ouverte et plus démocratique".

Tout au long de la journée, des œillets rouges ont été déposés devant le monument commémorant ce soulèvement réprimé dans le sang dans le quartier étudiant d'Athènes.


La manifestation annuelle, qui rassemble étudiants, écoliers, syndicats, partis de gauche et défenseurs des droits humains, commémore le jour où un char a écrasé la grille de fer de l'Ecole Polytechnique à Athènes, occupée par des étudiants protestant contre la dictature.

Vingt-quatre personnes avaient été tuées lors la révolte des étudiants par les forces armées déployées par la junte pour mater ce soulèvement et le mouvement citoyen de contestation dans les rues de la capitale.


Le drapeau grec ensanglanté qui flottait dans la nuit de 16 au 17 novembre 1973 sur le portail de l'Ecole polytechnique est porté chaque année en tête de la manifestation par les organisations étudiants.

La presse grecque a consacré de longs articles à cet événement historique. Pour le quotidien conservateur Kathimerini, le soulèvement étudiant a constitué
"l'un des événements les plus importants de l'Histoire de la Grèce du 20e siècle".

"Ce qui s'est passé n'est pas qu'un évènement historique. C'est un symbole (...) qui montre la voie vers l'avenir"
avec la chute de la dictature des colonels et le retour de la démocratie en juillet 1974, a de son côté souligné l'écrivain Dimitris Papachristos, 73 ans, qui avait participé à l'occupation de l'Ecole Polytechnique.

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