
Le conservateur Friedrich Merz a échoué mardi à se faire élire chancelier au premier tour de scrutin par les députés allemands, signe de l'immense pression à laquelle est confronté celui qui s'apprête à diriger un pays fragilisé par les crises.
Un tel échec pour un candidat chancelier est sans précédent dans l'histoire politique d'après-guerre de l'Allemagne, illustrant la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien.
Dans une Allemagne fragilisée par les coups de boutoir de Donald Trump et obligée de se réinventer face à la progression de l'extrême droite, Friedrich Merz savait qu'il ne bénéficierait d'aucun état de grâce mais ne s'attendait pas à essuyer une telle humiliation, comme l'a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l'assemblée, à l'issue du vote.
Il n'est pas certain que ce deuxième tour se tienne mardi. Il pourrait aussi être reporté à un autre jour, selon les médias allemands.
Avocat de formation, Merz est un vieux routier de la politique allemande mais qui n'a jamais occupé de poste exécutif.
Il doit s'installer aux commandes de l'Allemagne pour les quatre prochaines années à la tête d'une coalition formée avec les sociaux-démocrates (SPD) d'Olaf Scholz, mais moins de trois mois après sa victoire aux législatives, sa cote de popularité est déjà au plus bas.
Ere d'"incertitude"
Pour l'incarner, il effectuera - comme ses prédécesseurs - sa première visite à l'étranger dans la capitale française, où il sera reçu dès mercredi par Emmanuel Macron. Et se rendra ensuite en Pologne.
Partisan d'un soutien sans faille à l'Ukraine, le nouveau chancelier s'est dit ouvert, sous conditions, à la livraison de missiles longue portée Taurus à Kiev, malgré les menaces de la Russie.
Parmi les chantiers prioritaires, la remise à niveau de l'armée nationale, à la fois pour assurer la défense du pays et sa contribution à l'Otan, mais aussi des infrastructures aussi essentielles que les routes et écoles, en mauvais état après des années de sous-investissement.
L'ombre de l'AfD
Sur le plan intérieur, Friedrich Merz va devoir rapidement tenir ses promesses. Car certaines enquêtes placent l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) devant son parti CDU.
Il entend pour inverser la tendance se montrer dur sur l'immigration.
Son succès dépendra aussi de l'alignement des vues avec les alliés sociaux-démocrates sur la politique migratoire ou économique.
Avec les portefeuilles des Finances, revenu à Lars Klingbeil, et de la Défense où reste le sortant Boris Pistorius, le parti social-démocrate a les moyens de peser sur la politique du prochain gouvernement.