Netanyahu accusé de sacrifier les otages pour justifier les bombardements à Gaza

Crédit Photo : OHAD ZWIGENBERG / POOL / AFP

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a sciemment "sacrifié" les otages israéliens détenus à Gaza pour justifier une campagne de bombardements intensifs sur l'ensemble du territoire palestinien, selon Guillaume Ancel, ancien officier de l'Armée française, lors d'une interview pour Public Sénat.

Dans cette interview diffusée le 20 septembre 2024, Ancel ne mâche pas ses mots.

"Benyamin Netanyahu a utilisé cette guerre pour se maintenir au pouvoir"

, affirme-t-il.

Selon lui, dès que les combats cesseront, la société israélienne pourrait renverser le Premier ministre, qu'il accuse d'avoir menti à ses concitoyens sur l'issue de cette guerre. Le dirigeant israélien aurait promis de sauver les otages détenus à Gaza, mais en réalité,
"il les a sacrifiés pour dévaster Gaza"
, ajoute Ancel.

Par la voie de ces critiques, l'ancien officier pointe du doigt une stratégie militaire qu'il juge incompatible avec la volonté de sauver des vies.

"On ne peut pas mener des bombardements massifs sur un territoire tout en prétendant chercher à sauver les otages",

insiste-t-il. Ancel, ayant lui-même participé à des opérations de sauvetage d'otages durant sa carrière militaire, considère qu'il est impossible de garantir la sécurité des captifs au milieu de frappes aériennes aussi massives.

D'après lui, la campagne militaire menée par Israël dépasse largement les objectifs militaires habituels.
"Il a détruit plus de 85 % des 360 km² de la bande de Gaza",
déplore Ancel.

Il va même jusqu'à comparer l'ampleur de cette dévastation à celle des bombardements les plus destructeurs de la Seconde Guerre mondiale, précisant qu'on n'avait

"jamais vu ça, même durant cette période".

Ancel critique également la focalisation des frappes sur l'ensemble de la population palestinienne plutôt que sur les combattants du Hamas.

"Israël a massivement bombardé l'ensemble du territoire, pas le Hamas, mais les 2,4 millions de Palestiniens"

, explique-t-il.

Selon lui, il est illusoire de penser que les otages, pris dans les combats, puissent être protégés ou épargnés par des frappes aussi intenses. L'armée israélienne aurait déjà retrouvé plusieurs corps d'otages tués lors des bombardements israéliens, un résultat tragique qui illustre l'impossibilité d'allier une stratégie de sauvetage avec une telle violence militaire.

Ces déclarations de Guillaume Ancel s'inscrivent dans un contexte international de plus en plus critique vis-à-vis de l'offensive israélienne sur Gaza. Depuis le début de la campagne militaire, les critiques se multiplient contre la gestion par Israël de la crise des otages et des civils pris dans les combats.

Plusieurs organisations humanitaires et responsables politiques internationaux ont appelé à un cessez-le-feu, tandis que les violences continuent d'embraser la région.

Les critiques de Ancel s'inscrivent dans un contexte de violences israéliennes qui se poursuivent depuis plus de 11 mois dans la bande de Gaza, suite à l'attaque transfrontalière du Hamas, menée le 7 octobre 2023.

Plus de 42.000 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, ont été tués dans la guerre menée par Israël, et plus 95.000 autres blessées, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

Israël fait également face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans la bande de Gaza.