Réélu président, Poutine promet une Russie qui ne se laissera pas "intimider"

La rédaction
09:5518/03/2024, lundi
AFP
Le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine.
Crédit Photo : NATALIA KOLESNIKOVA / POOL / AFP
Le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine, réélu pour six années supplémentaires au Kremlin selon des résultats quasi-complets d'une présidentielle, a dressé le portrait d'une Russie "consolidée" par sa victoire et qui ne se laissera pas "intimider" par ses adversaires.

Le maître du Kremlin, a récolté plus de 87% des suffrages après dépouillement de plus de 99% des bureaux de vote, selon l'agence officielle russe Ria Novosti, citant la commission électorale. Il s'agit de son meilleur résultat, à l'issue d'un scrutin.


S'adressant aux Russes en fin de soirée, M. Poutine a remercié ceux qui sont allés voter et qui ont permis de créer les conditions d'une
"consolidation politique interne",
deux ans après le début de l'assaut contre l'Ukraine et de l'adoption de sanctions sans précédent par les Occidentaux.

Devant son équipe de campagne, avant de promettre que la Russie tiendra tête à tous ses adversaires, il a lancé:


Je tiens à vous remercier tous, ainsi que tous les citoyens du pays, pour votre soutien et votre confiance.

"Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n'a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l'histoire. Cela n'a pas fonctionné aujourd'hui et ne fonctionnera pas à l'avenir"
, a indiqué le président, âgé de 71 ans.

Ce scrutin de trois jours, de vendredi à dimanche, a été marqué par des bombardements ukrainiens meurtriers et des incursions de combattants armés se disant être des Russes pro-Ukraine dans des régions russes frontalières, ainsi que par des actions de protestation dans les bureaux de vote.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que M. Poutine était un homme
"ivre de pouvoir"
voulant
"régner éternellement"
. Les États-Unis ont critiqué la tenue du scrutin dans les
"territoires ukrainiens occupés"
par Moscou.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont de leur côté félicité M. Poutine pour sa réélection.


"J'ai écrit Navalny"


Vladimir Poutine, qui pourra se représenter après ce nouveau mandat pour se maintenir potentiellement au pouvoir jusqu'en 2036, a lui salué dans son discours les soldats combattant en Ukraine, qui
"risquent leur vie"
pour
"protéger les territoires historiques de la Russie".

Il a estimé que les forces russes, à l'offensive depuis la prise d'Avdiïvka mi-février face à une armée ukrainienne en manque d'hommes et de munitions, avaient
"entièrement l'initiative"
sur le front.

Vladimir Poutine a assuré lundi que le décès de son principal détracteur était un
"événement triste"
et qu'il avait été favorable à l'idée de l'échanger avec les Occidentaux. Et de déclarer:

Il n'y avait qu'une condition: que nous l'échangions pour qu'il ne revienne pas.

Pour cette présidentielle, la veuve du leader d'opposition, Ioulia Navalnaïa, avait appelé ses partisans à se montrer en nombre en allant tous voter au même moment, à midi dimanche, contre le maître du Kremlin.


Elle-même a voté après plusieurs heures d'attente dans une foule immense à l'ambassade de Russie à Berlin.


"J'ai écrit (sur le bulletin de vote) le nom 'Navalny' parce qu'il n'est pas possible (...) qu'un mois avant les élections, le principal opposant à Poutine, déjà emprisonné, soit tué"
, a-t-elle affirmé à la presse après avoir voté.

Frappes et incursions


Devant de nombreuses autres ambassades russes, des foules importantes sont allées voter à midi à travers le monde.


Par endroits à Moscou, comme à Saint-Pétersbourg, des queues importantes se sont formées à l'heure dite. Mais devant d'autres bureaux de vote, l'affluence ne semblait pas particulièrement élevée.


Dans le quartier moscovite de Marino, devant le bureau où Alexeï Navalny votait naguère, quelques dizaines de personnes ont répondu à l'appel.


Dans l'ensemble, la mobilisation de l'opposition s'est déroulée dans le calme mais l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi de la répression, a fait état d'au moins 85 interpellations en Russie pour diverses formes d'actions de protestation électorales.

Vladimir Poutine a de son côté assuré que les actions de l'opposition n'avaient eu
"aucun effet"
sur le scrutin, tout en mettant en garde contre d'éventuelles poursuites pénales ceux qui ont gâché leur bulletin de vote.

Les hostilités en Ukraine se sont aussi invitées dans le scrutin.


La semaine électorale a été marquée par des frappes aériennes meurtrières et des tentatives d'incursion terrestre à partir de l'Ukraine sur le territoire russe, répliques aux bombardements et assauts de la Russie contre sa voisine depuis plus de deux ans.


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